André Malraux

Introduction

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Photo Gisèle Freund

« Servi par une mémoire prodigieuse et par l’intelligence la plus vive, comblé de dons par toutes les fées, Malraux est l’homme de trois dieux, aimés inégalement : l’art, la révolution et le général de Gaulle. » Jean d’Ormesson

Pour beaucoup d’écrivains, l’enfance fait l’objet d’une introspection nostalgique ou émerveillée. André Malraux, lui, a mis toute son énergie à l’oublier :  » Presque tous les écrivains que je connais aiment leur enfance, je déteste la mienne » écrira-t-il dans ses Antimémoires en 1967. Il n’aimait guère, non plus, que l’on fouille ce « tas de petits secrets » qu’est la vie d’un homme… Aussi s’emploiera-t-il à brouiller les pistes concernant sa propre existence.

Rien ne prédestinait ce jeune banlieusard sans fortune, né en 1903, au pied de la butte Montmartre à devenir l’un des géants français du vingtième siècle. Elevé , du fait de la séparation de ses parents, par trois femmes, sa grand-mère, sa mère et sa tante, il découvrira d’abord le monde au travers des livres et des musées. Doué d’une grande curiosité et d’une mémoire prodigieuse, il devient « chineur » pour un libraire-éditeur parisien, et s’immisce ainsi dans les milieux littéraires et artistiques de l’avant-garde . Malraux se passionne pour la peinture cubiste. Un grand marchand de tableau, qui est aussi éditeur, Kanhweiler, éditera en 1921 le premier livre de Malraux : Lunes en papier.

Puis Malraux rencontre Clara Goldschmidt , riche héritière d’une famille allemande émigrée. La jeune fille est immédiatement séduite par ce garçon élégant à l’intelligence brillante et aux propos pétillants. Fiançailles, mariage. Malraux place la fortune de son épouse en bourse. Les entreprises minières mexicaines dans lesquelles il a tout misé, ne tiendront pas leur promesse. Le couple est ruiné.

Pour se reconstituer rapidement un patrimoine, André Malraux prend l’étrange décision d’aller s’emparer de quelques statues khmères dans la jungle cambodgienne pour les revendre ensuite en occident. L’expédition est un désastre. A la veille de Noël 1923, le couple est arrêté à Phnom-Penh. André Malraux est condamné à trois ans de prison ferme. Clara Malraux, elle, bénéficie d’un non lieu et parvient à rentrer en France. Elle réussira, en mobilisant une vingtaine de grands écrivains français à faire libérer son mari.

Mais ce séjour asiatique  lui a donné le virus de l’aventure et a révélé son intérêt pour l’action politique. Malraux retourne en Asie. Ses positions anti-coloniales lui valent quelques démêlés avec la justice. Rédacteur en chef d’une publication clandestine, L’Indochine enchaînée, Malraux suit avec un regard attentif les événements de la révolution chinoise, notamment le soulèvement de Canton (1925). Revenu en France, il publie ses premiers romans : La Tentation de l’Occident (1926) , Les Conquérants (1928) , La Voie royale (1930, prix Interallié). La condition humaine lui vaut le prix Goncourt en 1933.

Son goût de l’action et ses convictions anti-fascistes poussent Malraux à participer à la guerre civile espagnole aux côtes des républicains en 1936. Ces événements lui inspireront un grand roman : L’Espoir ( 1937) et un film ( Sierra de Terruel, 1939)

Durant la seconde guerre mondiale, Malraux entre tardivement dans la résistance ( en 1943) sous le nom de colonel Berger. Il éprouve de grandes difficultés, tant auprès des résistants gaullistes que communistes, qui le considèrent comme un transfuge tardif. En juillet 1944, sa voiture tombe dans une embuscade à Toulouse : blessé, Malraux est arrêté, interrogé, et transféré à la prison Saint-Michel de Toulouse. Il ne doit sa libération, en août, qu’à un départ précipité des allemands.

En 1945, il rencontre le Général de Gaulle. Un grande admiration réciproque se crée entre les deux hommes. Malraux accepte de devenir son conseiller technique à la Culture et devient un éphémère ministre de l’Information (novembre 1945 à janvier 1946).

Il ne quittera plus le Général de Gaulle. Lors de son retour aux affaires en 1958, il devient Ministre d’Etat chargé des Affaires culturelles. Le militant révolutionnaire s’est mué en militant gaulliste. Sa diction magnétique et haletante résonne pour longtemps dans nos mémoires : l’oraison funèbre de Braque et le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon…

Malraux publiera encore La Voix du Silence (1951), La Métamorphose des dieux (1957-1976), et les Antimémoires (1967).

En 1970, il publie les Chênes que l’on abat, un dernier hommage au général de Gaulle disparu, dont il était resté le plus proche des compagnons.

Il meurt en 1976, à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, suite à une congestion pulmonaire.

Malraux est un personnage que l’on a eu trop tendance à statufier . Sans doute le livre d’Olivier Todd (« André Malraux. Une vie« , Biographie d’Olivier Todd, Gallimard, avril 2001) , qui va ébranler ce monument trop vénéré, sera-t-il salutaire ?

Jean d’Ormesson écrivait d’ailleurs, il y a quelques années, dans son dictionnaire de la Littérature française : « Le risque pour Malraux est de voir son œuvre étouffée par sa vie tumultueuse. Le Panthéon est un triomphe, mais ce n’est pas au Panthéon, c’est dans le cœur et la mémoire que survivent les écrivains. »

En dévoilant les mensonges et les points faibles de Malraux, Olivier Todd, comme l’écrit Angelo Rinaldi, « humanise » la statue ; et c’est tant mieux.

Claire Delune

Biographie

1901 André Malraux naît à Paris le 3 novembre. Son père, Fernand Malraux, est originaire de Dunkerque, où il est né en 1875. Son grand-père paternel, armateur, est évoqué dans Les Noyers de l’Altenburg et dans Le Miroir des limbes.
La mère d’André Malraux, Berthe Lamy est originaire de la région parisienne (elle est née en 1877). Les grands parents maternels d’André Malraux étaient boulangers à Saint-Maur-des-Fossés.
1902 En décembre, naissance du petit frère d’André Malraux, Raymond-Fernand, qui ne vivra que trois mois.
1905 Séparation des parents d’André Malraux. Sa mère s’installe chez sa propre mère, à Bondy. Celle-ci y tient avec sa seconde fille, Marie Valentine, une épicerie. André Malraux vivra jusqu’en 1920 avec sa grand-mère, sa mère et sa tante dans cette maison à un étage (l’épicerie étant située au rez-de-chaussée).
André Malraux ne gardera pas un très bon souvenir de son enfance :  » Presque tous les écrivains que je connais aiment leur enfance, je déteste la mienne » ( Antimémoires, 1967)
1910 André Malraux passe ses vacances d’été chez ses grands-parents à Dunkerque. Il lit Alexandre Dumas.
1912 Le père d’André Malraux s’est remarié. Naissance de Roland Malraux, son premier demi-frère.
1914 André Malraux obtient son certificat d’études primaires
En septembre, il visite avec ses camarades de classe le champ de bataille de la Marne. Trop jeune pour aller combattre, il vivra la guerre au travers de l’expérience de son père, sous lieutenant dans les chars.
Il commence à aller au théâtre, et s’évade en lisant Hugo et Flaubert.
1916 André Malraux assiste à une représentation du Cid à la Comédie française. Il commence à fréquenter concerts et expositions et s’essaie, sans grand succès, à la peinture.
Il est alors élève au lycée Turgot. Bien que moyen en composition française, il se passionne au-delà des romanciers et des poètes français pour la littérature russe, notamment, Tolstoï et Dostoïevski.
1918 Face au refus du lycée Condorcet de l’inscrire, il abandonne les études secondaires. Son amour de la lecture lui permet de se passionner pour Corneille, Hugo, Flaubert, Nietzsche, Tolstoï, Dostoïevski, Michelet, Baudelaire, Loti, Barrès … et de devenir un véritable bibliophile. Il commence à gagner sa vie grâce à ses activités de chineur chez les bouquinistes.
1919 Il travaille pour le compte de René-Louis Doyon, qui tient la librairie La Connaissance. C’est grâce à cette activité qu’il entre en contact avec le poète Max Jacob.
1920 René-Louis Doyon lance sa revue, La Connaissance, et ouvre ses colonnes à André Malraux. Ce dernier publie un premier article consacré à la poésie cubiste.
André Malraux côtoie les milieux artistiques et littéraires parisiens : Paul Morand, Jean Cocteau, Raymond Radiguet, André Salmon, Max Jacob, André Suarès, Pierre Reverdy, Vlaminck, Derain, Léger…
René-Louis Doyon lance également une activité d’éditeur à laquelle Malraux collabore. Il publie aussi des articles dans la revue d’avant-garde, Action, de Florent Fels, notamment sur les Chants de Maldoror de Lautréamont, Les Champs magnétiques de Philippe Soupault et La Négresse du Sacré-Coeur d’André Salmon.
Le libraire Simon Kra lui confie la direction artistique des Éditions du Sagittaire ; il y publiera notamment : Le Livret de l’imagier de Remy de Gourmont et Carnet intime de Laurent Tailhade.
Ces activités permettent à Malraux de quitter le pavillon de Bondy pour s’installer à Paris.
1921 Max Jacob le présente au marchand de tableaux Kanhweiler, qui engage Malraux comme éditeur à la Galerie Simon. Malraux travaille alors à la publication de textes de Max Jacob, de Vlaminck, de Radiguet et de Reverdy.
Malraux publie Lunes en papier, son premier livre aux éditions de la Galerie Simon.
Il rencontre Clara Goldschmidt à un dîner organisé par Florent Fels. Ils partent ensemble fin juillet en Italie : Florence, puis Venise. Ils doivent rentrer prématurément en août faute d’argent. Ils profitent de ce voyage pour télégraphier leurs fiançailles à la mère de Clara.
André Malraux et Clara Goldschmidt se marient en octobre à Paris, puis partent en voyage à Prague et à Vienne. Ils passent les fêtes de fin d’année à Magedbourg, berceau de la famille de Clara.
1922 André Malraux et Clara Goldschmidt poursuivent leur voyage vers Berlin; ils y découvrent l’expressionnisme allemand. André Malraux entame une collaboration avec la NRF. Il publie notamment un compte rendu sur L’Art poétique de Max Jacob.
Le couple Malraux voyage en Tunisie et en Sicile.
1923 André Malraux parvient à échapper au service militaire, en se faisant réformer.
André Malraux qui avait placé la fortune de son épouse en bourse doit faire face à l’effondrement des valeurs mexicaines qui constituaient la majorité de son portefeuille boursier. Le couple est ruiné.
Pour se reconstituer rapidement un patrimoine, André Malraux prend l’étrange décision d’aller s’emparer de quelques statues khmères dans la jungle cambodgienne pour les revendre ensuite en occident. L’expédition qui est montée avec Louis Chevasson, l’ami d’enfance, sera un désastre. Ils embarquent en octobre sur l’Ankgor. À la mi-décembre, ils arrachent sept pierres au temple de Banteaï-Srei . ils les emballent et les emportent sur des charrettes. De retour à Phnom-Penh, à la veille de Noël, ils sont arrêtés après la fouille de leurs bagages et assignés à résidence.
1924 André Malraux est condamné en juillet à trois ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Phnom-Penh. Clara Malraux, elle, bénéficie d’un non lieu et parvient à rentrer en France. Elle réussit avec l’aide de Marcel Arland à réunir les signatures d’une vingtaine d’écrivains au bas d’une pétition qui paraît dans Les Nouvelles Littéraires le 6 septembre (Gide, Mauriac, Breton, Aragon, Gallimard, Max Jacob…). En octobre, la cour d’appel de Saigon réduit la peine de prison d’André Malraux et l’assortit d’un sursis.
André Malraux rentre en France en Novembre.
1925 Avant de repartir pour Saigon, André Malraux signe un contrat pour trois livres avec l’éditeur Bernard Grasset.
Le couple Malraux fonde, à Saigon, avec l’avocat Paul Monin, L’Indochine , un journal d’opposition au gouvernement colonial. Le premier numéro de L’Indochine sort en juin ; Ce journal paraît jusqu’au 14 août. Sa parution doit cesser du fait des pressions du gouverneur sur les imprimeurs locaux. André Malraux et ses amis parviennent à acheter des caractères d’imprimerie à Hongkong, et feront paraître L’Indochine enchaînée de fin novembre 1925 à janvier 1926.
Malade , André Malraux doit rentrer en France. Il s’embarque pour la France le 30 décembre. De ce séjour en Indochine il garde à la fois l’expérience de son combat contre la société coloniale et le goût d’un journalisme engagé.
1926 Sur le bateau du retour, André Malraux commence à rédiger les premiers fragments de La Tentation de l’Occident, qui paraîtra en juillet chez Grasset. Cet « essai-roman  » est un récit épistolaire entre un jeune occidental et un jeune oriental : le français A.D qui découvre l’Asie échange ses impressions avec le chinois Ling, qui lui, visite l’Europe.
André Malraux, fait maintenant figure, en France, de spécialiste de l’Extrême Orient
1927 André Malraux doit garder le lit pendant près de trois mois, en raison d’une grave crise de rhumatisme articulaire.
Il publie en mars, chez Grasset, son essai : D’une jeunesse européenne.
Il travaille à son roman Les Conquérants, qu’il publiera en 1928. Il continue de rédiger des comptes rendus à la N.R.F.
1928 André Malraux signe un contrat chez Gallimard, et entre au comité de lecture .
Parution de : Les Conquérants chez Grasset et de Royaume-Farfelu chez Gallimard.
Il commence à travailler au manuscrit de La Voie royale.
1929 Il devient directeur artistique chez Gallimard, où il crée la collection des Mémoires révélateurs
Il va effectuer, de 1929 à 1931, avec Clara, plusieurs voyages en Orient. Au printemps, ils partent pour la Perse. Ils passent par Naples, Constantinople et Bakou . Ils reviendront en passant par l’Irak, la Syrie et Beyrouth.
1930 Parution de La Voie royale (Grasset), qui obtient le prix Interallié. Ce roman tiré de l’expérience de Malraux dans la forêt cambodgienne, conte les aventures « métaphysiques » de Claude Vannec, archéologue, et de l’énigmatique Perken, ancien agent secret. Ces deux personnages effectuent un voyage  » au bout de la nuit », à la recherche d’un autre aventurier, perdu dans la région proche des temples.
Malraux édite Calligrammes d’Apollinaire et crée la Galerie de la N.R.F
En décembre, suicide par asphyxie de son père.
1931 André Malraux organise plusieurs expositions à la Galerie de la N.R.F. sur l’art gothico-bouddhique, l’art indo-hellénistique, et l’art des nomades de l’Asie centrale.
La N.R.F. d’avril publie La Révolution étranglée, article de Trotski sur Les Conquérants, suivi de la réponse d’André Malraux.
En mai, nouveau voyage de Clara et André Malraux en Asie. Ils vont à Ispahan, puis en Afghanistan et en Inde. Grâce à Gaston Gallimard qui finance ce voyage, celui-ci se transforme en tour du Monde : Birmanie, Singapour, Hongkong, Chine, Japon, Canada, et Etats-Unis. Ils rentrent en France en décembre.
1932 Mort de la Mère d’André Malraux en mars
Il rencontre Josette Clotis
Il travaille à la rédaction de La Condition humaine et s’installe au 44, rue du Bac.
1933 En mars naissance de Florence Malraux
En avril parution de La Condition humaine en volume chez Gallimard . Il obtient le prix Goncourt fin 1933.
André Malraux s’engage dans la lutte contre le fascisme. Il prend la parole lors de la première réunion de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires présidé par André Gide et prend la défense de Dimitrov, accusé de l’incendie du Reichstag.
En août, il rencontre Trotski.
Il a une brève liaison avec Louise de Vilmorin qu’il retrouvera dans les années soixante.
Il commence à partager sa vie entre Clara et Josette Clotis.
1934 En janvier, André Malraux se rend à Berlin avec André Gide pour tenter d’obtenir la libération de Dimitrov. Il participe à toutes les manifestations en faveur de sa libération.
Il se lance dans une nouvelle aventure périlleuse. En mars, il part reconnaître en avion, avec le capitaine Corniglion-Molinier, le site de Mareb, la capitale légendaire de la reine de Saba au Yémen. Ils survolent les ruines le 7 mars et, sur le chemin de retour, sont reçus par l’empereur Haïlé-Sélassié à Addis-Abeba.
De juin à septembre, Clara et André Malraux sont en Union soviétique ; il accorde des entretiens à la Pravda . Lors de ce séjour, il rencontre Staline, Gorki, Eisenstein, et Pasternak. Il assiste en août au Congrès des écrivains; il y prononce le discours L’art est une conquête. Il commence à rédiger Le Temps du Mépris.
1935 En mai , il publie Le Temps du Mépris chez Gallimard. Ce livre dédié aux victimes du nazisme, ouvre un nouveau cycle romanesque. Malraux a décidé cette fois de combattre les fascismes.
André Malraux organise, avec André Gide, le Congrès international des écrivains pour la défense de la culture, au Palais de la Mutualité.
1936 En mars, il fait un bref séjour en Union soviétique et rencontre Gorki peu avant sa mort.
Dès le début de la guerre civile espagnole, il apporte on soutien aux républicains. Il participe à plusieurs combats aériens à la tête de l’escadrille España qu’il commande.
Il participe au bombardement d’une colonne nationaliste à Medellín et à la destruction d’un terrain d’atterrissage à Olmedo.
1937 En février, il participe à une dernière mission pour protéger les réfugiés de Málaga puis il rentre à Paris.
Il part aux États-Unis pour une tournée de conférences destinée à aider financièrement la République espagnole. Il se rend ainsi successivement à New York, Philadelphie, Washington, Hollywood, San Francisco, Toronto et Montréal.
Il travaille à son roman L’Espoir, qu’il terminera à l’automne.
De retour à Paris, il participe en juillet au congrès des écrivains pour la défense de la culture puis séjourne dans les Pyrénées avec Josette Clotis.
L’Espoir parait en décembre.
1938 Clara et André Malraux se séparent.
Il travaille à la préparation du film Sierra de Teruel. Il commence, fin juillet, le tournage à Barcelone. Le tournage se poursuit à Tarragone et dans la sierra de Montserrat.
1939 En janvier, l’équipe du film Sierra de Teruel doit évacuer Barcelone investie par les nationalistes. Il leur faudra terminer le tournage en France ( Joinville et Villefranche de Rouergue). Le film sera projeté trois fois pendant l’été avant d’être censuré en septembre. Il obtiendra après la guerre le prix Louis Delluc sous le titre l’Espoir.
Surpris par la déclaration de guerre, et le pacte germano-soviétique, qu’il se refuse à dénoncer, il tente en vain de s’engager dans une unité de chars.
1940 Il travaille à Mayrena second volet des Puissances du désert (dont La Voie royale constitue le premier volume) et à La Psychologie de l’art, tandis que Verve publie son Esquisse d’une psychologie du cinéma.
Il parvient enfin à s’engager dans l’armée française comme soldat de deuxième classe. En avril, il est incorporé au dépôt de cavalerie motorisée de Provins.
Il est fait prisonnier dès le mois de juin et interné dans la cathédrale de Sens.
D’août à octobre, il peut travailler à Collemiers; il sera tour à tour moissonneur, bibliothécaire, bûcheron et instituteur.
Il commence à écrire Les Noyers de l’Altenburg.
En Novembre, grâce à son demi-frère Roland, André Malraux s’évade en compagnie du poète Jean Grosjean et de Jean Beuret et arrive en zone libre. Le même jour , Josette met au monde à Neuilly, leur premier fils, Pierre-Gauthier.
La nouvelle famille va s’installer dans le midi. André Malraux reprend contact avec les écrivains installés sur la Côte d’Azur : Gide, Martin du Gard, Berl …
1941 André Malraux reste méfiant face à l’influence des communistes sur la résistance. C’est pourquoi malgré les visites de Wildé, d’Astier, Bourdet, Stéphane, Sartre et Beauvoir qui le pressent de s’engager contre l’occupant , il refuse de le faire.
André Malraux se consacre à la rédaction de deux récits Le Règne du malin et Le démon de l’Absolu , ouvrages restés inachevés et qui ne seront publiés qu’après sa mort. Il travaille également aux Noyers de l’Altenburg.
1942 Après un séjour en septembre dans l’Allier, où il prend peut-être un premier contact avec des réseaux résistants, il s’installe dans le Cantal où Josette Clotis le rejoint avec leur fils.
1943 En mars, Josette met au monde leur second fils, Vincent.
Roland , le demi-frère d’André Malraux, le présente au réseau de résistance auquel il appartient.
Parution des Noyers de l’Altenburg ( Lausanne).
André Malraux consacre la majorité de son temps à l’écriture du Démon de l’Absolu.
1944 André Malraux rentre en résistance au printemps sous le pseudonyme de colonel Berger.
Ses deux frères, Claude et Roland, résistants de la première heure, sont arrêtés. Roland  est conduit au camp de concentration de Neuengamme en Allemagne. Il meurt le 3 mai 1945 lors du naufrage du Cap Arcona.
André Malraux qui souhaite fédérer les différents maquis de Corrèze éprouve de grandes difficultés, tant auprès des résistants gaullistes que communistes (ils le considèrent comme un transfuge tardif). André Malraux ne parvient à s’imposer que dans un groupe d’Alsaciens.
En juillet, sa voiture tombe dans une embuscade à Toulouse : blessé, il est arrêté, interrogé, et transféré à la prison Saint-Michel de Toulouse. Il ne doit sa libération, en août, qu’à un départ précipité des allemands.
En septembre il prend le commandement de la Brigade Alsace-Lorraine, et s’engage activement dans la bataille des Vosges.
Le 12 Novembre, Josette Clotis meurt accidentellement , les jambes broyées par un train.
La Brigade Alsace-Lorraine participe activement à la libération de Strasbourg.
1945 André Malraux s’installe avec sa belle-sœur Madeleine (l’épouse depuis janvier 43 de son frère Roland), le fils de Madeleine, Alain, (né en juin 44), et ses deux fils à lui, dans un appartement à Boulogne-Billancourt.
En août, André Malraux rencontre le Général de Gaulle. Il se crée une grande admiration réciproque  entre les deux hommes. Malraux accepte de devenir son conseiller technique à la culture et devient un éphémère ministre de l’Information ( novembre 1945 à janvier 1946). André Malraux confie la direction de son cabinet à Raymond Aron.
Le film Sierra de Teruel, rebaptisé Espoir, est à nouveau projeté en salle à partir d’août et reçoit le prix Louis Delluc en décembre.
1946 En janvier, son divorce avec Clara est prononcé. Fin de l’expérience ministérielle , André Malraux restera fidèle au Général de Gaulle pendant sa traversée du désert (jusqu’en 1958).
En novembre, André Malraux prononce un discours à la Sorbonne pour la naissance de l’Unesco.
1947 Un Volume de ses Romans parait dans la bibliothèque de la Pléiade.
Le Général de Gaulle crée le Rassemblement du Peuple Français (RPF) , André Malraux prend la direction du service de presse. C’est lui qui organise les interventions publiques du Général.
André Malraux prononce un discours au premier meeting du RPF au Vélodrome d’hiver en juillet.
Parution du premier volume ( il y en aura 3) de La Psychologie de l’art : Le musée imaginaire .
1948 André Malraux prononce en mars, à la salle Pleyel, une conférence: Appel aux intellectuels , qui deviendra la postface des Conquérants.
Il épouse Madeleine, la veuve de son demi-frère Roland Malraux.
Il publie le deuxième volume de La Psychologie de l’art (La Création artistique) et Les Noyers de l’Altenburg.
1949 Il collabore à la revue mensuelle du RPF, Liberté de l’esprit, dirigée par Claude Mauriac.
Il publie le troisième volume de La Psychologie de l’art (La Monnaie de l’absolu).
1950 André Malraux travaille à une seconde version de La Psychologie de l’art.
1951 André Malraux publie Les Voix du silence, nouvelle version modifiée de La Psychologie de l’art.
Il travaille à un ouvrage consacré à la sculpture.
1952 Il abandonne ses activités au sein du RPF.
Parution du premier volume du Musée imaginaire de la sculpture mondiale (La Statuaire).
Il voyage avec Madeleine en Grèce, en Égypte et en Iran.
1953 Il se consacre à la suite du Musée imaginaire,
Il collabore au Malraux par lui-même de Gaëtan Picon.
Pendant l’été, il se rend à Lucerne avec Madeleine, son épouse.
1954 André Malraux est invité à New York avec son épouse, pour l’inauguration des nouvelles galeries du Metropolitan Museum.
En été, il voyage en Italie : à Florence, en Toscane et en Ombrie.
Parution du deuxième volume du Musée imaginaire.
Il accorde plusieurs entretiens à L’Express.
1955 Parution du troisième volume du Musée imaginaire.
Il voyage avec Madeleine en Égypte.
Il travaille à la suite des Voix du silence, intitulée La Métamorphose des dieux.
1956 Discours à Stockholm pour le 350e anniversaire de la naissance de Rembrandt.
Il voyage à Rome et en Sicile avec son épouse et Alain.
Il travaille à La Métamorphose des dieux.
1957 Parution, en novembre, du premier tome de La Métamorphose des dieux.
1958 André Malraux adresse avec plusieurs écrivains (Martin du Gard, Mauriac et Sartre) une lettre au Président de la République contre la torture en Algérie.
En juin, il devient Ministre de l’Information du Général de Gaulle. En juillet, il est chargé de l’expansion et du Rayonnement de la Culture française.
Il prononce trois grands discours : en juillet (Fête Nationale), août (Anniversaire de la Libération de Paris) et septembre (Référendum sur la nouvelle constitution).
1959 Malraux devient ministre d’État chargé des affaires culturelles en janvier.
Discours à Athènes Hommage à la Grèce pour la première illumination de l’Acropole .
Tournée en Amérique du Sud en août et septembre, Malraux visite le Brésil, le Pérou, le Chili, l’Argentine et l’Uruguay.
En octobre, il assiste avec le Général de Gaulle à la première de Tête d’Or, créé par la compagnie Renaud-Barrault, au Théâtre de France.
1960. Malraux prononce un discours à l’occasion de l’Indépendance des colonies d’Afrique noire.
Malraux rompt avec sa fille Florence, suite à la signature par celle-ci du manifeste des 121, en faveur de l’insoumission des jeunes appelés en Algérie. Ils ne se réconcilieront qu’en 1968.
Malraux voyage au Mexique, prend part à la campagne de sauvegarde des monuments de Nubie (discours à l’Unesco).
1961 Mort accidentelle de ses deux fils, Vincent et Gauthier, tués dans un accident de voiture sur une route de Bourgogne : ils ont dix-huit et vingt ans.
1962 En février, son domicile est plastiqué, sans doute par l’OAS. Malraux s’installe quelques mois plus tard avec Madeleine et Alain à Versailles.
Le 4 août est adoptée par le Parlement la loi dite loi Malraux assurant la sauvegarde des quartiers anciens et la création des maisons de la culture.
Il commande à Chagall un nouveau plafond pour l’Opéra de Paris.
1963 Malraux prononce en janvier, en présence du président Kennedy , un discours pour l’exposition de La Joconde à la National Gallery de Washington.
En septembre, il prononce l’oraison funèbre de Georges Braque.
Malraux commande le nouveau plafond de l’Odéon à André Masson.
1964 Inauguration de la Maison de la culture de Bourges par le Général de Gaulle
Transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon. Malraux y prononce un discours resté célèbre : « Entre ici, Jean Moulin… »
1965 Fin juin, il embarque avec Albert Beuret sur Le Cambodge à destination de l’extrême-orient.
Début août, il est en Chine, où il rencontre Mao Tsé Toung.
Funérailles de Le Corbusier, il prononce son éloge funèbre dans la Cour carrée du Louvre.
1966 Malraux inaugure la maison de la culture d’Amiens en mars.
Inauguration du 1er festival mondial des arts nègres à Dakar, en compagnie de Senghor.
Il organise la rétrospective Picasso aux Grand et Petit Palais.
Madeleine et André malraux se séparent.
Pour lutter contre une profonde solitude , il se consacre complètement à la rédaction des Antimémoires.
1967 En septembre, parution des Antimémoires . Malraux multiplie les interviews.
Il travaille à la suite des Antimémoires.
Il se rapproche de Louise de Vilmorin
1968 Malraux se rend en U.R.S.S. en mars et se réconcilie avec sa fille Florence.
1969 Il prononce ses derniers discours politiques pour le Oui au référendum. Suite à la démission du Général de Gaulle, il s’installe à Verrières-le-Buisson avec Louise de Vilmorin .
Il signe aux côtés de Mauriac et de Sartre une pétition en faveur de Régis Debray, détenu en Bolivie.
Il rend une dernière visite à Colombey au Général de Gaulle, qui mourra l’année suivante.
Mort de Louise de Vilmorin.
1970 Il travaille à la rédaction des Chênes qu’on abat…
Malraux préface les Poèmes de Louise de Vilmorin.
Mort du Général de Gaulle.
1971 Parution de : Les Chênes qu’on abat…
1972 En février., Malraux est invité par Richard Nixon à Washington qui le consulte avant de se rendre en Chine.
En avril diffusion de la première série d’émissions La légende du siècle (réalisées par Françoise Verny et Claude Santelli).
Début novembre, Malraux est victime d’un grave malaise. Il est hospitalisé à la Salpêtrière.
1973 En avril , Malraux se rend au Bangladesh en compagnie de Sophie de Vilmorin.
1974 Parution de La tête d’obsidienne.
Malraux soutient la candidature de Jacques Chaban-Delmas aux élections présidentielles.
Il séjourne au Japon et à New Delhi avec Sophie de Vilmorin. Parution de L’Irréel, seconde partie de La Métamorphose des dieux, et de Lazare ( méditation sur la vie et la mort suite au grave malaise dont il fut victime en novembre 1972).
1975 Il inaugure en janvier le centre culturel André-Malraux à Verrières-le-Buisson.
En mai, il prononce un discours à la Cathédrale de Chartres pour le trentième anniversaire de la libération des camps de concentration.
Parution de Hôtes de passage en octobre.
1976 Parution de L’Intemporel, tome II de La Métamorphose des dieux .
En octobre, les Antimémoires et leurs suites entrent dans la bibliothèque de la Pléiade sous le titre Le Miroir des limbes.
En novembre, il est victime d’une congestion pulmonaire. Il est hospitalisé à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil. Il y meurt le 23 novembre. Il est inhumé le 24 Novembre à Verrières-le-Buisson.
Le 27, il reçoit un hommage national dans la cour carrée du Louvre.
1977. Parution posthume de L’homme précaire et la littérature.
Parution de la version définitive du premier volume de La Métamorphose des dieux : Le Surnaturel.
1996 23 Novembre, 20 ans après sa mort, transfert de ses cendres au Panthéon.

Sources bibliographiques :

Malraux, par Jean-Claude Larrat,   Balises, Nathan
Dictionnaire de la Littérature française du XXème siècle (Albin Michel, Encyclopaedia Universalis)
Le Robert des Grands Ecrivains de langue française
La Littérature du XXème Siècle ( Nathan, Collection Henri Mitterand)

Oeuvres

1921 Lunes en papier
1926 La Tentation de l’Occident
1927 D’une jeunesse européenne
1928 Les Conquérants
Le royaume farfelu
1930 La Voie Royale
1933 La Condition Humaine
1935 Le Temps du mépris
1937 L’Espoir
1943 Les Noyers de l’Altenburg
1947-49 Psychologie de l’Art
1951 Les Voix du Silence
1952-56 Le Musée Imaginaire de la sculpture mondiale
1957-76 La Métamorphose des Dieux
1967 Le Miroir des Limbes : tome 1, les Antimémoires
1971 Des Chênes qu’on abat
1976 Le Miroir des Limbes : tome II, la Corde et les Souris

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