Une Rose inoubliable

Paris, sous le Second Empire. A deux pas de l’Eglise Saint-Germain des Près se situe la rue Childebert.

Rose Bazelet habite seule une vieille bâtisse, haute et carrée. Depuis plus de deux siècles, cette demeure est la fierté de sa belle famille. Rose en a fait la promesse à Armand, son défunt mari : jamais elle n’abandonnera cette maison.

Un jour, elle reçoit une longue enveloppe blanche cachetée d’un épais sceau rouge sang. Une lettre d’expropriation venant de la Préfecture de Paris : le tracé du boulevard St Germain, voulu par le baron Haussmann, passe par la Rue Childebert.

Magnifique récit que ce roman épistolaire de Tatiana de Rosnay. L’auteure de Boomerang nous entraine dans les ruelles, les jardins et sur les places d’un Paris aujourd’hui disparu, une époque où les parisiens prenaient le temps de vivre, croisaient des allumeurs de réverbères, ou des conducteurs de fiacres jouant des coudes avec les charrettes surchargées. Inoubliable moment aussi cette promenade piétonne sur la Seine gelée, prise par les glaces.

C’était également un siècle où le cœur pouvait s’arrêter sans crier gare et l’eau d’une fontaine provoquer un choléra foudroyant.

On y croise des personnages pittoresques et attachants : Alexandrine, la fleuriste qui apprend à Rose l’art des bouquets , monsieur Zamaretti, le libraire qui lui fait découvrir Flaubert, Baudelaire, Zola, ou Balzac, Gilbert un chiffonnier noir de saleté et de suie, mais au cœur généreux. On y rencontre aussi Marville, le photographe ayant immortalisé ces ruelles disparues et même le baron Hausmann, au détour d’un escalier de l’Hôtel de Ville.

Rose est aussi un roman sur l’amour, la solitude, la fidélité, l’amitié, la nostalgie, la passion des lieux, la famille et les non-dits; car chez Tatiana de Rosnay les personnages ont des secrets que les murs savent garder et que les lecteurs rêvent de percer. De lettre en lettre, l’héroïne replonge dans son passé et dévoile peu à peu cette blessure qu’elle n’a jamais osé confier à son mari.

Rose, enfin, c’est l’histoire d’une femme, opiniâtre et malicieuse, que l’on aime dès la première page et qui nous entraine dans un suspens insoutenable jusqu’à l’ultime rebondissement de la dernière page.

Quelle magnifique idée de revisiter les travaux d’Hausmann du côté de ceux qui étaient viscéralement attachés à leur appartement ou leur maison, qui ont été méprisés, déplacés , déracinés. Rose raconte le traumatisme de ces travaux trop grands et inhumains. Avec la démolition de leur demeure, ce sont toutes leurs vies qui s’effondrent et leurs souvenirs qui disparaissent.

La prochaine fois que vous flânerez près de Saint-Germain des Près, soyez attentifs. Si vous avez un peu de chance vous y croiserez peut-être Rose une héroïne à jamais liée à ce quartier et que vous n’êtes pas prêt d’oublier.

« Rose » – Tatiana de Rosnay – Editions Héloïse d’Ormesson – 256 p. – 19 euros – en librairie le 3 mars 2011

Guy Jacquemelle

Rose de Tatiana de Rosnay

Elle s’appelle Rose. Lorsque le 12 juin 1828, Armand, son futur mari lui écrit, il a ces quelques mots : » Je vous ai attendue toute ma vie, Rose. Ce n’est pas seulement votre beauté de reine, votre distinction, mais aussi et surtout votre altruisme, votre gentillesse et votre humour. Je suis fasciné par votre personnalité, votre rire, l’adoration que vous vouez aux beaux atours, votre démarche, l’or de vos cheveux, le parfum de votre peau. Oui, je suis profondément épris. Jamais je n’ai aimé comme cela. »

Inoubliable Rose, belle et éternelle comme une héroïne de Tatiana de Rosnay : un merveilleux mélange de malice et de fidélité, de force de caractère et de douceur, amoureuse et pourtant si seule.

Lorsque commence le nouveau roman de l’auteure de Boomerang et d’Elle s’appelait Sarah , en cet hiver 1868, Rose habite rue Childebert, à deux pas de l’Eglise Saint-Germain des Près , une rue aujourd’hui disparue.

Le 3 mars 2011, vous découvrirez le combat qu’elle a décidé de mener.

Rose de Tatiana de Rosnay, Editions Héloïse d’Ormesson

Présentation de l’éditeur

Paris, sous le Second Empire. Des centaines de maisons sont rasées et des quartiers réduits en cendres. Alors que le vieux Paris s’effondre sous les ambitions du baron Haussmann, de nombreux Parisiens protestent sans parvenir à infléchir les ordres d’expropriation. Dans sa maison de la rue Childebert, à l’ombre de l’église Saint-Germain-des-Prés, Rose Bazelet mène une vie paisible, rythmée par la lecture du Petit Journal, les visites à Alexandrine, sa locataire et amie fleuriste du rez-de-chaussée, les soins de Germaine et Mariette ses domestiques dévouées. Jusqu’au jour où elle reçoit une lettre de la préfecture, la sentence tombe : le tracé du boulevard St Germain passe par chez elle, rue Childebert.

Liée par une promesse faite à son défunt mari, Armand, Rose ne peut envisager de quitter la demeure familiale. Déterminée à résister jusqu’à son dernier souffle, elle confie à Armand, son amour disparu, son combat quotidien. De lettres en lettres, elle replonge dans son passé et dévoile peu à peu un secret qu’elle a gardé pendant plus de trente ans.

Dans ce roman épistolaire, Tatiana de Rosnay nous entraîne au coeur d’un monde où les petits métiers, herboriste, relieur, chiffonnier fleurissaient, et dont il ne reste que les vestiges. Tandis qu’une page de l’Histoire se tourne, Rose devient le témoin d’une époque et raconte le traumatisme suscité par ces grands travaux d’embellissement. Entre introspection et rédemption, ces lettres rendent hommage au combat d’une femme seule contre tous.

Dans cette ode à la capitale, les maisons regorgent de secrets et les murs sont imprégnés de souvenirs.

Pour en savoir plus :