Effroyables jardins de Michel Quint

Effroyables jardins de Michel Quint

publié par les éditions Joëlle Losfeld dans la collection Arcanes.

« Certains témoins mentionnent qu’aux derniers jours du procès de Maurice Papon, la police a empêché un clown de rentrer dans la salle d’audience. Il semble que ce même jour, il ait attendu la sortie de l’accusé et l’ait simplement considéré à distance sans chercher à lui adresser la parole. L’ancien secrétaire général de la préfecture a peut-être remarqué ce clown mais rien n’est moins sûr. Par la suite l’homme est revenu régulièrement sans son déguisement à la fin des audiences et aux plaidoiries. A chaque fois il posait sur ses genoux une mallette dont il caressait le cuir tout éraflé. »

Ce court récit de Michel Quint évoque  l’histoire de Lucien, le narrateur du livre. Adolescent, il ne supportait pas les clowns : «Plus que tout, j’ai détesté les augustes. Plus que l’huile de foie de morue, les bises aux vieilles parentes moustachues et le calcul mental, plus que n’importe quelle torture d’enfance ».

Lucien ne comprend pas pourquoi son père, instituteur  respecté, se ridiculise dans un numéro de clown amateur. Il en vient même à le mépriser. Un dimanche après-midi, l’oncle Gaston décide de lui dévoiler le secret de ce nez rouge. Il lui raconte comment durant la seconde guerre mondiale, son père, simple instituteur qui faisait aussi le clown le dimanche, pour arrondir  les fins de mois difficiles, est devenu un résistant.  Tous deux, Gaston et lui, ont commis des actes de résistance insignifiants. « Que je te dise : la Résistance, on s’y est mis, les autres je sais pas, en tous cas au début…Comme si on serait allés au bal… » avoue Gaston à l’adolescent .  Puis ils sont capturés par les Allemands et jetés avec deux autres compagnons d’infortune dans une fosse en attendant d’être fusillés. Ils ne devront leur salut qu’à la mansuétude d’un allemand philosophe.

A travers ce récit, le narrateur  découvre le courage ordinaire que son père dissimule derrière son humilité et l’hommage que son nez rouge permet d’offrir aux compagnons des mauvais jours.

Michel Quint a dédié ce livre à son grand-père, mineur et combattant à Verdun, et à son père, instituteur et résistant.

Extraits de presse

« Mais que signifie à la fin le nez rouge, comme abandonné, oublié sur la couverture ? Il est d’abord l’absence, ou le dévoilement trop tardif d’un père dont il a connu l’histoire trop tard, trop tard pour découvrir quel héros était ce père, ce qui lui aurait évité les sarcasmes méprisants du « morveux » qu’il était alors. Du mépris, il en avait aussi, et à revendre, pour l’oncle Gaston et la Nicole, sa petite femme potelée. Mais voilà qu’un jour … Gaston s’installe devant une bière, au café d’en face, pour lui rapporter toute l’histoire. Celle qui a fait de son père, d’un simple instituteur qui faisait aussi le clown le dimanche, pour arrondir (tous) les mois difficiles, un résistant. Un résistant – avec son nez rouge – à toutes les indignités de la guerre et à toutes les mascarades, à toutes les pitoyables pitreries d’après-guerre, où les accusés finissent par apparaître comme les véritables augustes aux cheveux rouges. Ce livre vous happe, et derrière les « effroyables jardins », on en découvre d’autres, incroyablement soignés et beaux comme des paradis, où l’on peut continuer, dignement, à « être des hommes ». »

Laure Anciel – amazon.fr

 

« A peine soixante pages et les vies sont rajustées, humblement, à leurs vécus.
Effroyables jardins laisse pantois, presque abasourdi de cette justesse si sobre. La langue de Michel Quint, mélange de pudeur et d’audace, joue sur une partition chaloupée pourtant sans anicroche. L’auteur détourne le drame et invite au sourire au moment où certainement le cœur n’y serait pas. Mais voilà, le récit l’emporte avec son bagou et sa simplicité 
».

Sylvaine Jeminet – Urbuz.com

 

« Michel Quint dédie ce livre à son grand-père, mineur et combattant à Verdun, et à son père, instituteur et résistant. Pour raconter un petit bout de l’histoire familiale (de l’Histoire tout court), il malaxe vécu et imaginaire, autobiographie et fiction. De son écriture claire comme le cristal d’Arques (Pas-de-Calais) jaillit une fable colorée, sensible, drôle et pleine de poésie. Quint dit la joie, la fidélité, l’amitié, raconte ces humbles qui mettent leur dignité dans la droiture et la générosité. Avec une seule conviction : « Sans vérité, comment peut-il y avoir de l’espoir ? » Pour 35 francs, l’auteur, nouveau Géant du Nord, nous offre un pur moment de littérature et de bonheur. Qu’il convient d’offrir à ses proches, jeunes et adultes, vite ».

Télérama – Martine Laval

 

Adaptation cinématographique

Effroyables jardins

Film français (2002) réalisé par Jean Becker.  Durée : 1h 35mn.
Date de sortie : 26 Mars 2003

Avec Jacques Villeret, André Dussollier, Thierry Lhermitte, Benoît Magimel, Isabelle Candelier…


Jacques Villeret et André Dussolier dans Effroyables Jardins

Le Film Effroyables Jardins  sur le site d’Allo-Ciné