Le livre de ma mère d’Albert Cohen (1954)

« Pleurer sa mère, c’est pleurer son enfance. L’homme veut son enfance, veut la ravoir, et s’il aime sa mère davantage à mesure qu’il avance en âge, c’est parce que sa mère, c’est son enfance.»

Albert Cohen – Le livre de ma mère

Maternité– Pablo Picasso

Ode à sa mère, ode à sa mère morte, ode à toutes les mères qui nous ont aimés et que nous n’avons pas assez aimées en retour, Le Livre de ma mère est un roman autobiographique d’Albert Cohen, publié en 1954. Au fil des pages, Albert Cohen écrit un nouveau testament, écrit les révélations, les enseignements propres à constituer les fondements d’une véritable religion maternelle.

Albert Cohen écrit au fil de la pensée, sans se soucier de rendre un récit linéaire ou documentaire, alternant entre souvenirs d’enfance, de jeune adulte puis d’homme mûr qui laisse son passé tour à tour hanter et bercer mélancoliquement son quotidien.

Il livre, entre humour, sarcasme et compassion, son angoisse de la mort qui a couché sa mère et qui le couchera bientôt, son regret d’avoir négligé celle qui l’a tant aimé, qui n’est plus et ne sera jamais plus et enjoint à tous les fils de la terre de reconnaître le trésor mortel que représente une mère pour son enfant, tout en leur implorant d’aimer mieux et plus qu’il ne l’a fait.

Il rend hommage à cette étrangère déracinée, cette fille d’Israël, ce « génie de l’amour » que fut sa mère et qui le comprenait, l’aimait mille fois plus que ces jeunes femmes futiles et ces fréquentations mondaines et occidentales qu’il lui préférait alors. Le livre apparaît en ce sens aussi comme une excuse, celle d’un petit garçon coupable d’une bêtise qu’il ne peut plus vraiment espérer réparer sauf par l’artifice de l’écriture.

Le livre de ma mère est un livre court et dense qui, sans être de la fiction comme Solal, Mangeclous ou Belle du Seigneur, contient tous les thèmes et caractéristiques de l’écriture et de l’œuvre d’Albert Cohen. Ce cri du cœur et de la plume saura émouvoir les lecteurs.

Inès

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