Kateb Yacine est né le 6 août 1929 à Constantine. Il est issu de la tribu des Keblout du Nadhor (Est algérien), et d’une famille de lettrés : Kateb signifie écrivain. Le 8 mai 1945, à la fin de la seconde guerre mondiale en Europe, Kateb Yacine participe aux soulèvements populaires du Constantinois pour l’indépendance. Il est arrêté à Sétif et incarcéré au cours d’une répression sanglante (50 000 morts).
Sa vie bascule : sa mère le croyant mort sombre dans la folie ; il est exclu du collège, devient militant de l’indépendance de l’Algérie et se découvre poète. À Annaba, il rencontre sa cousine, Nedjma, dont il s’éprend. Le personnage de « Nedjma », la femme et la patrie confisquée, inaccessible, hantera toute son oeuvre.
Journaliste à L’Alger-Républicain, quotidien algérien de langue française, d’obédience communiste où Albert Camus l’a précédé, Kateb Yacine se fait docker, manœuvre, écrivain public pour subvenir aux besoins de sa famille à la mort de son père. Pendant la guerre d’Algérie, il doit s’expatrier. De 1952 à 1959, il habite à Paris. Il y rencontre Bertolt Brecht et côtoie de nombreux écrivains. En 1956, avec Nedjma, son premier roman édité au Seuil, l’auteur fait une entrée fracassante en littérature.
En juillet 1962, après la déclaration d’indépendance de l’Algérie, il rentre à Alger et reprend sa collaboration à L’Alger-Républicain. En 1966 paraît son second roman Le Polygone étoilé, mais l’auteur n’a de cesse de publier dans les revues littéraires et journaux des deux rives de la Méditerranée. Le Vietnam, où il effectue plusieurs voyages entre 1967 et 1970, marque un tournant important dans sa vie. Entre 1972 et 1975, Kateb Yacine quitte l’Algérie pour une tournée au Festival d’Automne à Paris, avec ses nouvelles productions : Mohamed prends ta valise et La Guerre de 2000 ans. Sa troupe, « l’Action Culturelle des Travailleurs » (ACT), fondée en 1970, sous l’égide du ministère algérien du Travail, sillonne plusieurs régions de France et de RDA.
En 1979, l’ACT est dissoute et Kateb Yacine isolé à Sidi-Bel-Abbès, où il prend la direction d’un théâtre vétuste au début des années 1980. En 1986, L’Œuvre en fragments, textes réunis par Jacqueline Arnaud, paraît aux éditions Sindbad. L’année suivante Kateb Yacine reçoit le Prix National des Lettres, décerné par le ministère de la Culture en France.
En 1988, il s’installe provisoirement en France, dans la Drôme pour travailler à sa dernière pièce Le Bourgeois sans culotte ou le Spectre du Parc Monceau présentée à Arras et à Avignon à l’occasion du bicentenaire de la Révolution de 1789. Il entreprend un premier voyage aux Etas-Unis pour la présentation à New York en version anglaise de La Poudre d’intelligence. En octobre de la même année éclate à Alger une émeute de la jeunesse algérienne, excédée par la corruption de l’équipe dirigeante, réprimée dans le sang.
Le 29 octobre 1989, Kateb Yacine s’éteint à Grenoble, atteint d’une leucémie. Sa dépouille est rapatriée en Algérie où il est enterré au cimetière des martyrs d’El Alia à Alger.
Ses principales oeuvres
- Kateb Yacine (1929- 1989)
- Le cercle des représailles (1959)
- Le polygone étoilé (1966)
- L’homme aux sandales de caoutchouc (1970)
- Mohammed, prends ta valise (1971)
- La Voix des femmes (1972)
- La Guerre de 2 000 ans (1974)
- La Palestine trahie (1977)
- L’œuvre en fragments (1986)
- Boucherie de l’espérance (1999)
Source bibliographique : autourdu1ermai.fr