Gide vu par Claudel, Sartre, Cocteau, Mauriac et d’Ormesson

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« Gide est flatté que je l’aie appelé un esprit en pente. Je voulais dire un esprit marécageux, l’eau complaisante à la boue, une citerne empoisonnée… »

« Gide le faux-fuyant. Il est faux et il est fuyant. » Paul Claudel

« La moralité publique y gagne beaucoup et la littérature n’y perd pas grand chose ». Paul Claudel février 1951 (suite à la mort d’André Gide)

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Gilde Jeune

« On le croyait sacré et embaumé : il meurt et l’on découvre combien il est resté vivant ; la gêne et le ressentiment qui transparaissent sous les couronnes mortuaires que l’on tresse de mauvaise grâce montrent qu’il déplaisait encore et qu’il déplaira longtemps : il a su réaliser contre lui l’union des gens bien pensants de droite et de gauche et il suffit d’imaginer la joie de quelques augustes momies… pour connaître de quel poids ,cet homme de quatre vingt ans qui n’écrivait plus guère pesait encore sur les lettres d’aujourd’hui. » Jean-Paul Sartre. Gide vivant dans les lettres Modernes (N° 65, mars 1951)

« Gide n’a jamais ressenti le malaise du vaste. Que dis-je du vaste? Le sens de l’abolition des valeurs proportionnelles. Ses malaises ne vinrent que du petit, des rapports entre les petitesses. Aucune bonté. Curiosité de botaniste. A la loupe. » Jean Cocteau Le passé défini

« Je persiste à penser que les Faux-Monnayeurs sont un très mauvais livre, un livre raté s’il en fut. Tout ce qui était volontaire chez Gide, était mauvais. Il avait une note à lui que je comprenais, que j’entendais, mais il a voulu être un grand romancier, et il n’en était pas un. L’erreur littéraire de Gide, à mon avis, c’est d’avoir agité un drapeau sur l’homosexualité. L’homosexualité n’est pas une cause. C’est comme un bossu qui crierait  » Vive les bosses »! ; ça n’a pas de sens. » François Mauriac Les Paroles restent (1950)

M. Schmiegelski
Photographie de M. Schmiegelski

« Complexe, fuyant, dévoré d’inquiétude, écartelé par des extrêmes qui se touchaient en lui, Gide est un puritain sensuel. Ses maîtres , dans son enfance, le croyaient démesuré : il couvait sa ferveur comme une fièvre contagieuse…
Ferveur, inquiétude, fuite, disponibilité, acte gratuit, refus de tout choix : par un paradoxe qui n’en est pas un, notre littérature n’aime rien tant que d’accueillir des marginaux et de couronner des révoltés, ce rebelle s’inscrit avec éclat dans la plus haute tradition du classicisme français. Offrant le monde d’une main, la refusant de l’autre, chantre du dépouillement et du désir à la fois , c’est un janséniste enivré de bonheur. Il arrive à des mollesses symbolistes de gâcher parfois son style. N’importe. Par son inquiétude, toujours en éveil, par ses contradictions qui annoncent tout le siècle, par sa lucidité mêlée à tant de fièvre, par son intelligence qui ne fait jamais la bête parce qu’elle ne fait jamais l’ange et qui ferait plutôt le diable , il n’est pas indigne du titre que que Malraux, ou peut-être plus selon d’autres, André Rouveyre lui avait décerné : Le contemporain capital » Jean d’Ormesson Une autre Histoire de la littérature Tome 1