Cyrano, le héros de l’ombre et du panache

Cyrano est le héros de la pièce éponyme « Cyrano de Bergerac » d’Edmond Rostand

Ce personnage, créé par Edmond Rostand, est différent du Cyrano historique, mêlé au mouvement de la philosophie libertine du dix-septième siècle , qui prônait la liberté de pensée, l’indépendance intellectuelle et le rejet des conventions sociales et religieuses rigides de l’époque Le vrai Cyrano était un écrivain satirique brillant, dont certaines utopies fantaisistes peuvent paraitre à distance des anticipations (Les voyages interplanétaires , machines volantes, des dispositifs de téléportation et des armes futuristes….)

Son esprit libre et son engagement envers la vérité et la liberté d’expression ont inspiré Edmond Rostand dans la création de son personnage . Il incarne ces mêmes idéaux. Bien que la pièce de Rostand soit largement romancée et théâtralisée, elle capture l’esprit rebelle et l’intellectuel de son homonyme historique.

Gérard Depardieu dans Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau

Dans la pièce de Rostand, Cyrano est décrit comme un homme grand et athlétique, possédant une prestance impressionnante. Son nez est souvent décrit comme particulièrement long et large, constituant une source de moquerie pour certains, mais Cyrano le porte avec fierté et refuse de se soumettre aux insultes à son sujet.

Il est souvent vêtu de façon élégante, reflétant son statut de gentilhomme, et il manie son épée avec une habileté remarquable, ce qui lui confère une aura de bravoure et de puissance physique.

La Pièce d’Edmond Rostand débute par un vif échange entre Cyrano et Valvert. Cyrano est le cousin de Roxane, une femme à la beauté rayonnante. C’est un poète et un bretteur célèbre connu pour son esprit vif et ses réparties cinglantes. Valvert, lui, est un noble de la cour, arrogant et prétentieux. Pendant une soirée au théâtre, Valvert se moque du nez de Cyrano. Cyrano lui répond et donne son propre spectacle à travers une brillante tirade célébrant son long appendice. Le pauvre marquis qui n’a pas la verve poétique de son adversaire est la risée de tout le parterre. Le calme revient. Cyrano, qui, malgré sa laideur, est secrètement amoureux de sa cousine, Roxane, a le bonheur d’apprendre que celle-ci lui fixe un rendez-vous pour le lendemain.

Cyrano rencontre Roxane chez son ami, le restaurateur Ragueneau. Roxane et Cyrano évoquent leur enfance heureuse. Puis Roxane révèle à son cousin qu’elle est amoureuse non de lui, mais d’un beau jeune homme qu’elle lui demande de protéger. Elle n’a jamais parlé à ce jeune homme et n’en connaît que le nom : Christian de Neuvillette. Elle lui raconte que leur amour est né d’un regard lors d’une représentation à la Comédie. Ce jeune homme vient d’entrer comme cadet dans la compagnie de Cyrano. Désespéré, Cyrano accepte pourtant. Il rencontre Christian et se prend de sympathie pour ce jeune homme courageux. Ce dernier lui avoue qu’il ne sait pas parler d’amour. Cyrano lui propose de l’aider à conquérir Roxane. Il écrira, à sa place, les lettres pour Roxane. Le jeune cadet accepte.

Christian est beau et courageux mais est totalement incapable de se déclarer auprès de la belle précieuse. Caché dans l’ombre, Cyrano souffle à Christian, sous le balcon de Roxane, sa déclaration d’amour. La jeune fille est séduite par un si bel esprit.

Roxane parvient, avec beaucoup d’adresse à repousser les avances du comte de Guiche, dont le régiment doit partir à la guerre. Roxane, qui craint le départ du régiment de Christian décide de précipiter son mariage avec le jeune homme. Se rendant compte qu’il a été abusé, de Guiche se venge et envoie aussitôt Christian et Cyrano pour combattre au siège d’Arras.

Bloqués par les espagnols, les gascons commencent à se décourager. Cyrano, lui, franchit régulièrement au péril de sa vie les lignes ennemies pour faire parvenir à Roxane des lettres qu’il écrit et qu’il signe du nom de Christian.

Touchée par ces lettres, Roxane parvient, grâce à la complicité de Ragueneau, à se rendre au siège d’Arras avec un carrosse rempli de victuailles. Elle veut témoigner à Christian son amour. Lorsque le jeune homme réalise que Cyrano a écrit toutes ces lettres, il comprend que lui aussi est amoureux de Roxane. Il réalise aussi que ce n’est pas de lui que Roxane est amoureuse mais du poète qui a écrit ces lettres d’amour. Christian exige que Cyrano avoue toute la vérité à Roxane et court au combat se faire tuer. Il meurt dans les bras de Roxane, lui laissant une dernière lettre écrite par son ami. Cyrano décide de garder le secret.

Quinze ans plus tard, Roxane, toujours amoureuse de Christian, s’est retirée au couvent. Cyrano vient très régulièrement lui rendre visite. Ce jour-là, Cyrano est tombé dans un attentat et arrive blessé à la tête. Il est mourant mais il ne dit rien à Roxane. Il lui demande juste de pouvoir lire la dernière lettre de Christian. Il la lit avec une telle aisance et une telle émotion que Roxane se pose des questions. Elle reconnaît cette voix entendue du haut de son balcon. Malgré l’obscurité, due à la tombée de la nuit, Cyrano continue de lire cette lettre qu’il connaît par cœur. Roxane réalise qu’alors qu’elle croyait aimer Christian, c’est de Cyrano qu’elle était vraiment amoureuse. Elle comprend alors que l’amour qu’elle éprouvait ne venait pas de la beauté extérieure mais de la grandeur d’âme. En découvrant que c’est lui qu’elle aime, Cyrano meurt heureux.

Source bibliographique

  • Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand ( Editions Folio) 
  • Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, étude de Philippe Bisson (Balises, Editions Nathan)
  • Kléber Haedens  Une Histoire de la Littérature française, Grasset 1970 
  • Dictionnaire des Grandes Oeuvres de la Littérature française, Jean-Pierre de Beaumarchais, Daniel Couty (Editions Larousse)

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