Vingt-quatre heures de la vie d’une femme de Stefan Zweig

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Vingt-quatre heures de la vie d’Une femme de Stefan Zweig

 » Jamais encore, je n’avais vu un visage dans lequel la passion du jeu jaillissait si bestiale dans sa nudité effrontée…. J’étais fascinée par ce visage qui, soudain, devint morne et éteint tandis que la boule se fixait sur un numéro : cet homme venait de tout perdre !….Il s’élança hors du Casino. Instinctivement, je le suivis… Commencèrent alors 24 heures qui allaient bouleverser mon destin !  » 

Ce double récit de Stefan Zweig débute en 1904 dans une petite pension de la Riviera où séjournent quelques personnes bien nées. Le narrateur évoque dans quelles circonstances Madame Henriette, l’une des clientes, s’est enfuie avec un jeune homme qui n’avait pourtant passé là qu’une journée. Tout juste la jeune femme a-t-elle laissé une lettre à son mari pour expliquer son acte. Un scandale éclate dans la pension. Chaque pensionnaire y va de son propos acerbe pour critiquer l’attitude inqualifiable d’Henriette. Il n’y a guère que le narrateur pour tenter de comprendre le comportement de cette « créature sans moralité « . Il y a aussi Mrs C., une vielle dame anglaise, qui pose beaucoup de questions au narrateur. Mrs C. se décide alors de confier au narrateur quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez elle.

Mrs C. avait alors quarante deux ans et avait perdu son mari deux ans auparavant. Elle décide de se rendre à Monte Carlo et fréquente alors les casinos. Elle aime à examiner les mains des joueurs. Ces gestes qu’elle observe lui permettent de comprendre leur personnalité sans même avoir à regarder leur visage.

Un jour, elle est fascinée par des mains magnifiques. Elle ne peut résister. Elle regarde alors ce joueur et découvre un beau jeune homme d’environ vingt quatre ans. Il semble totalement anéanti car il vient de perdre tout son argent. Mrs C. l’imagine songeant au suicide. Elle décide alors de l’aider. Elle se prend d’affection pour ce jeune homme dévoré par la passion du jeu et voué à l’autodestruction. Pour la première fois depuis la mort de son mari, elle éprouve à nouveau des sentiments. Cet épisode de sa vie ne dure que vingt quatre heures. Et si cette passion foudroyante n’eut pas l’issue heureuse qu’espérait Mrs C.…, elle n’en demeure pas moins un moment décisif de son existence…

 Première adaptation au cinéma en 1968

En 1968 Dominique Delouche réalise une première adaptation de ce récit de Stefan Zweig avec Danielle Darrieux et Robert Hoffman; film illuminé par la grâce légère et mélancolique de l’héroïne de La Ronde

Comme l’écrivait Télérama, ce film ressemblait au poème d’Apollinaire que Delouche avait mis en épigraphe :

«  J’ai cueilli ce brin de bruyère/ L’automne est morte, souviens-t’en/ Nous ne nous-verrons plus sur terre / Odeur du temps brin de bruyère/Et souviens-toi que je t’attends « 

 Nouvelle adaptation en 2003 de Vingt-quatre heures de la vie d’Une femme

D’après un scénario de Laurent Bounhik et Guillaume Taurand. Film réalisé par Laurent Bounhik avec Agnès Jaoui, Michel Serrault, Nicolaj Coster-Waldau et Bérénice Bejo


© MK2 Diffusion

Sortie le 8 janvier 2003

Au début du XXe siècle, dans un casino de la Riviera, Marie Collins-Brown (Agnès Jaoui), une femme irréprochable, va vivre avec Anton , un joueur inguérissable, les 24 heures les plus intenses de sa vie. Elle veut le sauver ; elle ne réussira à créer qu’une liaison maudite.

Vingt ans plus tard, Marie Collins-Brown qui s’était emmurée dans le silence, confie son secret à Louis, un adolescent révolté par la mauvaise conduite de sa mère.

A l’aube du troisième millénaire, Louis (Michel Serrault), l’héritier du secret, est devenu un vieil homme désabusé. Il  ne pense plus guère qu’à sa fin prochaine. Il renontre par hasard Olivia, une jeune fille qui le déconcerte par sa beauté et ranime ses souvenirs.


© MK2 Diffusion
Agnès Jaoui et Nicolas Coster-Walsdau

Laurent Bounhik et Guillaume Taurand ont donc imaginé une troisième partie qui s’entremêle aux deux époques du récit de Stefan Zweig. En se déroulant ainsi à trois époques différentes, le thème de la passion  incandescente devient l’occasion d’un voyage dans le temps et d’un jeu de miroir éternel.

Source bibliographique

Vingt-quatre heures de la vie d’Une femme de Stefan Zweig (Editions Stock)