Nana d’Emile Zola

Lien vers l’auteur

Ce neuvième roman de la série des Rougon Macquart a été publié à Paris en feuilleton dans le Voltaire d’octobre 1879 à février 1880 et en volume chez Charpentier en 1880. Emile Zola y dépeint deux catégories sociales symboliques , celles des courtisanes et celles des noceurs.

Nana est la fille de Gervaise Macquart (l’héroïne de l’Assommoir) et de Coupeau .

Résumé du Roman

Nana est une courtisane dont le Tout-Paris applaudit les débuts comme actrice au théâtre des Variétés. Les habitués, journalistes, aristocrates et lycéens dévergondés discutent de cette nouvelle recrue de Bordenave , le directeur du théâtre. On trouve là le journaliste Fauchery, le banquier Steiner, amant de l’actrice Rose Mignon, Mignon lui-même, le comte et la comtesse Muffat qui accompagnent le marquis de Chouard. Beaucoup considèrent que Nana n’a que peu de talent mais ils sont émoustillés par son rôle de Vénus déshabillée. Nana les a séduits tant par sa beauté que son audace.

Le début du roman montre cette courtisane manquant d’argent pour élever son fils Louiset qu’elle a eu à l’âge de seize ans. Elle vit au-dessus de ses moyens et a également tout le mal du monde à payer ses fournisseurs. Elle habite pourtant un bel appartement où l’un de ses amants l’a installée, mais elle doit faire des passes pour arrondir ses fins de mois.

Dans cet appartement en désordre vont et viennent des visiteurs et des gêneurs, un coiffeur, deux amies , des fournisseurs, des clients ou des soupirants …Il y a aussi Daguenet, son ami de cœur. C’est un homme charmant qui s’occupe d’affaires sans importance à la Bourse.
On y croise aussi le comte Muffat , chambellan de Napoléon III, un homme âgé et marié, très dévot, et au langage châtié.

Les mêmes hommes élégants participent aux  » mardis  » guindés de la comtesse Muffat et aux soupers débridés de Nana. Sous cape les invités de la Comtesse ne parlent que du dîner et des parties fines que va organiser Nana. On dîne bien et on s’enivre parfois.

Le succès de sa pièce vaut à Nana de nombreux hommages, dont ceux d’un prince. Elle est comblée de fleurs . Le banquier Steiner lui offre une maison à la campagne . Nana séduit et affole le comte Muffat qu’elle a invité à lui rendre visite dans sa loge.

Nana part se reposer dans sa somptueuse maison à la campagne, où elle a comme voisine la Comtesse Muffat. Le premier soir Nana s’offre une aventure avec Georges, un jeune adolescent.

Steiner la rejoint ainsi que Muffat obsédé par elle. Elle refuse pourtant de se donner au Comte. La comtesse Muffat, de son côté, subit les avances du journaliste Fauchery auquel elle finira par céder. Nana est désormais célèbre et on l’appelle « La Mouche d’Or ».
Des connaissances de Nana la rejoignent, menant bon train et joyeux tapage. Les deux sociétés se croisent en s’ignorant et en affectant de ne pas se connaître.

De retour à Paris, Nana reçoit régulièrement les visites de Steiner et du comte Muffat. Pour échapper à ses créanciers, elle décide de tout abandonner et part vivre avec l’élu de son cœur, l’acteur Fontan. Mais ce dernier est avare, égoïste et brutal. Au bout de quelques mois de vie commune, il n’hésite pas à la battre et à lui couper les vivres.

Le quotidien devient vite morose : délaissée, battue, Nana se traîne. Par hasard, elle retrouve Satin, une prostituée de rue avec qui elle fait le trottoir comme à ses débuts. Fontan la jette dehors. Alors, grâce aux agissements d’un entremetteur, Nana récupère le comte Muffat qui, entre temps, lui a fait quelques infidélités avec Rose Mignon, l’actrice fétiche du Théâtre des Variétés.
Subjugué par elle, il lui obtient le rôle dont elle rêve, celui de la femme honnête de la nouvelle pièce du Théâtre des Variétés. La représentation est un désastre. Le comte Muffat dépose cependant toute sa fortune aux pieds de Nana, promettant toilettes, hôtel luxueux, bijoux, à une seule condition : sa fidélité.

Nana adopte alors une vie de luxe et trompe aussitôt Muffat avec le jeune Georges puis avec son frère Philippe. Dans ce luxe elle s’ennuie pourtant et ramasse Satin sur le trottoir et en fait son amante.

Mais la générosité du comte et de ses nombreux amants ne parviennent pas à satisfaire tous ses besoins. Ainsi Philippe est emprisonné pour vol. Apprenant la liaison de son frère Philippe avec Nana, Georges se suicide chez elle. Nana devient de plus en plus cruelle avec Muffat . Elle parade dans le beau monde, couchant partout, s’amourachant de n’importe qui, se débauchant pour vaincre l’ennui, ruinant les hommes les uns après les autres.

Nana finit par tout vendre et disparaît, non pas pour se marier mais pour voyager. De nombreux bruits courent sur son compte. On lui prête des aventures féeriques en Egypte.

Plusieurs mois après, elle revient à Paris voir son fils atteint de la variole, elle contracte elle aussi la maladie.

Symbole tout autant que femme, Nana incarne la décomposition de l’Empire. Après avoir été adulée de tous, défigurée par la petite vérole, elle meurt en juillet 1870, en même temps que le régime. Avec Nana s’effondre une société mûre pour la Débâcle.

 

Emile Zola et Nana

« Pour Nana, écrivit Zola, les réquisitoires dépassent tout ce qu’on peut imaginer… J’ai cherché à mettre de l’humanité sous mes phrases, j’ai eu l’ambition, sans doute trop grande, de vouloir planter debout une fille, la première venue, comme il y en a plusieurs milliers à Paris, et cela pour protester contre les Marion Delorme, les Dame aux camélias, les Marco, les Musettes, toute cette sentimentalité, tout cet enguirlandage du vice que je trouve dangereux pour les mœurs et d’une influence désastreuse sur l’imagination de nos filles pauvres.»

 

En savoir plus

L’assommoir d’Emile Zola

Germinal d’Emile Zola

Biographie d’Emile Zola,  bibliographie et généalogie des Rougon-Macquart

Nana d’Emile Zola sur le site shvoong

 

Source bibliographique

Grandes oeuvres de la Littérature française de Jean-Pierre de Beaumarchais, Daniel Couty