Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne

Lien vers l’auteur

Ce roman d’aventures de Jules Verne, composé en 2 parties de respectivemement 24 et 23 chapitres , est le sixième de la série des Voyages Extraordinaires . Il a été publié chez Hetzel, à Paris,  en 1869.

Résumé de Vingt mille lieues sous les mers

En cette année 1866, une forte angoisse règne sur les océans. Un monstre marin effrayant a été signalé dans diverses mers par plusieurs navires. Une expédition s’organise à bord de la frégate américaine Abraham Lincoln. Elle a notamment à son bord le capitaine Faragutt, le canadien Ned Land,  le fameux naturaliste français Aronnax du Muséum de Paris  et son fidèle domestique Conseil. Le but de cette expédition est de débarrasser les mers de cette abominable menace.

Pendant plusieurs mois, les recherches sont vaines et le découragement s’empare de l’équipage. Jusqu’à ce 5 novembre1867. Ce jour là, Ned Land aperçoit le monstre, un « narval gigantesque ». Il se déplace à une telle vitesse que la frégate a beaucoup de mal à le suivre. Lorsque enfin elle réussit à l’approcher pour le harponner, l’animal aborde violemment le vaisseau.

Celui-ci se trouve presque entièrement submergé par une vague monumentale. Aronnax, Conseil et le harponneur Ned Land sont précipités à la mer sous le choc. Ils parviennent à se réfugier sur le dos du monstre. Ils réalisent alors que ce qu’ils avaient pris pour un monstre n’est autre qu’un navire sous-marin, le Nautilus. Les trois naufragés sont faits prisonniers et se retrouvent à bord du Nautilus. Ils font alors connaissance de ce mystérieux équipage et de son capitaine, Nemo, un personnage à l’attitude très énigmatique. Ils découvrent très vite que le capitaine Nemo, qui a conçu les plans du Nautilus, goûte très peu la fréquentation des humains. Il se refuse à leur rendre la liberté. Les trois naufragés séjourneront près de huit mois dans le Nautilus.

Le capitaine Nemo finit par éprouver de l’estime pour le savant français. Il fait découvrir à ses hôtes les trésors de la bibliothèque et du musée du Nautilus et décide d’entreprendre un tour du monde des profondeurs océaniques.  En compagnie de cet énigmatique capitaine, nos trois héros  découvrent la mystérieuse Atlantide et ses trésors engloutis, empruntent un tunnel creusé par la nature sous l’isthme de Suez, mesurent l’immensité du Pacifique, se battent contre des cannibales et des poulpes géants, s’aventurent  sous la banquise, au pôle sud là où personne ne s’était encore hasardé, chassent dans les forêts sous-marines et assistent à un enterrement dans un cimetière de coraux. 

Aronnax, Conseil et Ned Land continuent d’éprouver une certaine méfiance vis à vis de ce mystérieux capitaine. Un jour leurs soupçons sont confirmés, le capitaine Nemo  fait couler, de sang-froid, un navire de guerre de nationalité inconnue et tout son équipage. Il accuse ce bateau d’appartenir à une « nation maudite ».  On découvre alors la véritable identité du capitaine Nemo, prince indien que les Anglais ont jadis dépossédé et blessé dans sa chair . Il voue à ce pays une haine immortelle. La tristesse et la terreur règnent maintenant à bord du Nautilus. Ned Land, Aronnax et Conseil parviennent alors à s’échapper.  Ils s’embarquent à bord d’une chaloupe, et accosteront par miracle sur une des îles Lofoten d’où ils regagneront la France. Ils ne sauront jamais ce qu’est devenu le Nautilus, sur lequel ils ont navigué pendant 8 mois.

Début du roman

« L’année 1866 fut marquée par un événement bizarre, un phénomène inexpliqué et inexplicable que personne n’a sans doute oublié. Sans parler des rumeurs qui agitaient les populations des ports et surexcitaient l’esprit public à l’intérieur des continents les gens de mer furent particulièrement émus. Les négociants, armateurs, capitaines de navires, skippers et masters de l’Europe et de l’Amérique, officiers des marines militaires de tous pays, et, après eux, les gouvernements des divers États des deux continents, se préoccupèrent de ce fait au plus haut point.

En effet, depuis quelque temps, plusieurs navires s’étaient rencontrés sur mer avec « une chose énorme » un objet long, fusiforme, parfois phosphorescent, infiniment plus vaste et plus rapide qu’une baleine. » 

Derniers paragraphes du roman

« Voici la conclusion de ce voyage sous les mers. Ce qui se passa pendant cette nuit, comment le canot échappa au formidable remous du Maelstrom, comment Ned Land, Conseil et moi, nous sortîmes du gouffre, je ne saurai le dire. Mais quand je revins à moi, j’étais couché dans la cabane d’un pêcheur des îles Loffoden. Mes deux compagnons, sains et saufs étaient près de moi et me pressaient les mains. Nous nous embrassâmes avec effusion.
En ce moment, nous ne pouvons songer à regagner la France. Les moyens de communications entre la Norvège septentrionale et le sud sont rares. Je suis donc forcé d’attendre le passage du bateau à vapeur qui fait le service bimensuel du Cap Nord.
C’est donc là, au milieu de ces braves gens qui nous ont recueillis, que je revois le récit de ces aventures. Il est exact. Pas un fait n’a été omis, pas un détail n’a été exagéré. C’est la narration fidèle de cette invraisemblable expédition sous un élément inaccessible à l’homme, et dont le progrès rendra les routes libres un jour.
Me croira-t-on ? Je ne sais. Peu importe, après tout. Ce que je puis affirmer maintenant, c’est mon droit de parler de ces mers sous lesquelles, en moins de dix mois j’ai franchi vingt mille lieues, de ce tour du monde sous-marin qui m’a révélé tant de merveilles à travers le Pacifique, l’Océan Indien, la mer Rouge, la Méditerranée, l’Atlantique, les mers australes et boréales !
Mais qu’est devenu le Nautilus ? A-t-il résisté aux étreintes du Maelstrom ? Le capitaine Nemo vit-il encore ? Poursuit-il sous l’Océan ses effrayantes représailles, ou s’est-il arrêté devant cette dernière hécatombe ? Les flots apporteront-ils un jour ce manuscrit qui renferme toute l’histoire de sa vie ? Saurai-je enfin le nom de cet homme ? Le vaisseau disparu nous dira-t-il, par sa nationalité, la nationalité du capitaine Nemo ?
Je l’espère. J’espère également que son puissant appareil a vaincu la mer dans son gouffre le plus terrible, et que le Nautilus a survécu là où tant de navires ont péri ! S’il en est ainsi, si le capitaine Nemo habite toujours cet Océan, sa patrie d’adoption, puisse la haine s’apaiser dans ce coeur farouche ! Que la contemplation de tant de merveilles éteigne en lui l’esprit de vengeance ! Que le justicier s’efface, que le savant continue la paisible exploration des mers ! Si sa destinée est étrange, elle est sublime aussi. Ne l’ai-je pas compris par moi-même ? N’ai-je pas vécu dix mois de cette existence extranaturelle ? Aussi, à cette demande posée, il y a six mille ans, par l’Éccclésiaste : « Qui a jamais pu sonder les profondeurs de l’abîme ? » deux hommes entre tous les hommes ont le droit de répondre maintenant. Le capitaine Nemo et moi.» 

Eugène Ionesco et Renaud Matignon évoquent Jules Verne 

« Jules Verne, dernier écrivain voyant. Ce qu’il imaginait est devenu réalité ». 

Eugène Ionesco, Journal en miettes , 1967

 

« Il avait au fond notre âge, Jules Verne, quand nous étions adolescents , et c’est le secret de cette empreinte qu’il laisse à ses lecteurs : il nous a raccompagnés de l’enfance jusqu’à la grille de l’âge adulte ; ainsi reprenons nous Jules verne comme un bateau en partance, plongeurs aux aguets qui sommes pour toujours des imminences, des départs suspendus… On ne peut pas dire que Jules Verne, aujourd’hui revienne. Il refait surface , simplement, omme ses sous marins légendaires ».

Renaud Matignon. Jules Verne : Tintin chez Zarathoustra.
Le Figaro Littéraire, 28 octobre 1991

Source bibliographique

20 000 lieues sous les mers de Jules Verne ( Livre de Poche) 
Le Robert des Grands Ecrivains de langue française
50 romans clés de la Littérature française de Jean-Claude Berton, ( Hatier)
Kléber Haedens  Une Histoire de la Littérature française, Grasset 1970
Dictionnaire des Grandes Oeuvres de la Littérature française, Jean-Pierre de Beaumarchais, Daniel Couty (Editions Larousse)