la Marquise de Sévigné (1626-1696)

Introduction

Madame de Sévigné a donné le ton français à nos salons, qui laissent aujourd’hui encore l’étranger bouche bée. Elle a enseigné à tout dire avec élégance, à tout supporter avec philosophie, à faire de ses plus belles souffrances, des « poulets ». » Guy de Portalis

Marie de Rabutin-Chantal, Marquise de Sévigné, est née le 5 février 1626, place Royale (actuellement place des Vosges) à Paris.

Elle est la petite-fille de la future sainte Jeanne de Chantal, qui fonda l’ordre dela Visitation avec François de Sales. Son père Celse-Bénigne de Rabutin fut tué au combat quand elle avait 1 an (1627). Sa mère Marie de Coulanges mourut six ans plus tard. Orpheline à sept ans, la future madame de Sévigné est élevée par sa famille maternelle qui demeure Place Royale. La jeune fille reçoit une très bonne éducation et une excellente instruction, fondées essentiellement, comme c’était souvent le cas à l’époque pour les filles, sur les belles-lettres et l’étude des langues.

Elle épouse en 1644, le marquis Henri de Sévigné, un jeune noble d’origine bretonne, fort beau, mais aussi très infidèle et très belliqueux.

Le jeune couple passe pour avoir mené une vie joyeuse, à en croire les témoignages de deux contemporains, Tallemant des Réaux et Bussy-Rabutin, cousin de la marquise. Mme de Sévigné fréquente à Paris une société choisie, en particulier celle de l’hôtel de Rambouillet, où elle se lie d’amitié avec La Rochefoucauld , le cardinal de Retz ou encore Fouquet.

Le marquis Henri de Sévigné meurt lors d’un duel en 1751, à l’âge de vingt-huit ans, pour les beaux yeux d’une maîtresse.

Elle se retrouve veuve à vingt cinq-ans avec 2 enfants à élever : Françoise Marguerite, (née en 1646) qu’elle considère comme « la plus jolie fille de France » et qui fait de brillants débuts à la cour; Charles, (né en 1648) dont elle subit les frasques de jeune homme avec une grande indulgence.

Profitant de la liberté apportée par son veuvage, Madame de Sévigné passe moins de temps en Bretagne et s’installe à Paris. Turenne et les ministres Servien et Fouquet éprouvent pour elle une amitié amoureuse. Madame de Lafayette qui sera son amie et sa rivale l’évoque parmi les personnages de l’un de se recueils. Elle inspire Mlle de Scudéry pour l’un des personnages de Clélie.

Malgré les diverses occasions qu’elle a de se remarier, elle décide de se consacrer à sa vie mondaine,  mais plus encore à l’éducation de ses enfants.

En 1669, Françoise Marguerite épouse le comte de Grignan, qui est bientôt nommé Lieutenant-Général de Louis XIV en Provence.

En 1671, Madame de Grignan rejoint son mari dans le midi. Madame de Sévigné supporte difficilement la séparation d’avec sa fille.

Le 6 février 1671, quand Mme de Sévigné écrit à la comtesse, qui l’a quittée deux jours plus tôt, elle a quarante-cinq ans depuis la veille. Nait une correspondance entre une mère et sa fille qui va durer un quart de siècle.

Ce sont ces lettres échangées avec sa fille qui publiées après son décès la rendirent célèbre : Plus de mille  lettres  adressées principalement à sa fille Françoise-Marguerite, Comtesse de Grignan, mais aussi à son fils Charles, à son cousin Bussy-Rabutin, à ses amis Madame de Pomponne, le cardinal de Retz, La Rochefoucauld , le philosophe Corbinelli, Madame de La Fayette , Madame Scarron…

En 1690, la marquise de Sévigné, rejoint sa fille à Grignan, qui doit affronter la maladie et des difficultés financières. Sauf pendant deux mois, elle ne la quitte plus et meurt près d’elle le 17 avril 1696, à 70 ans.

Source bibliographique
Kléber Haedens  Une Histoire de la Littérature française, Grasset 1970
Le Robert des Grands Ecrivains de langue française

Lettre de Madame de Sévigné à sa fille Madame de Grignan.

Paris, mercredi 16 mars 1672

Vous me demandez, ma chère enfant, si j’aime toujours bien la vie. Je vous avoue que j’y trouve des chagrins cuisants ; mais je suis encore plus dégoûtée de la mort : je me trouve si malheureuse d’avoir à finir tout ceci par elle que si je pouvais retourner en arrière je ne demanderais pas mieux. Je me trouve dans un engagement qui m’embarrasse : je suis embarquée dans la vie sans mon consentement ; il faut que j’en sorte, cela m’assomme ; et comment en sortirai-je ? Par où ? Par quelle porte ? Quand sera-ce ? En quelle disposition ? Souffrirai-je mille et mille douleurs, qui me feront mourir désespérée ? Aurai-je un transport au cerveau ? Mourrai-je d’un accident ? Comment serai-je avec Dieu ? Qu’aurai-je à lui présenter ? La crainte, la nécessité feront-elles mon retour vers lui ? N’aurai-je aucun autre sentiment que celui de la peur ? Que puis-je espérer ? Suis-je digne du paradis ? Suis-je digne de l’enfer ? Quelle alternative ! Quel embarras ! Rien n’est si fou que de mettre son salut dans l’incertitude ; mais rien n’est si naturel, et la sotte vie que je mène est la chose du monde la plus aisée à comprendre. Je m’abîme dans ces pensées, et je trouve la mort si terrible que je hais plus la vie parce qu’elle m’y mène que par les épines qui s’y rencontrent. Vous me direz que je veux vivre éternellement. Point du tout ; mais si on m’avait demandé mon avis, j’aurais bien aimé à mourir entre les bras de ma nourrice : cela m’aurait ôté bien des ennuis et m’aurait donné le ciel bien sûrement et bien aisément ; mais parlons d’autre chose.

Je suis au désespoir que vous ayez eu Bajazet par d’autres que par moi. C’est ce chien de Barbin qui me hait, parce que je ne fais pas des Princesses de Montpensier. Vous en avez jugé très juste et très bien, et vous aurez vu que je suis de votre avis. Je voulais vous envoyer la Champmeslépour vous réchauffer la pièce. Le personnage de Bajazet est glacé ; les mours des Turcs y sont mal observées ; ils ne font point tant de façons pour se marier ; le dénouement n’est point bien préparé : on n’entre point dans les raisons de cette grande tuerie Il y a pourtant des choses agréables, et rien de parfaitement beau, rien qui enlève, point de ces tirades de Corneille qui font frissonner. Ma fille, gardons-nous bien de lui comparer Racine, sentons-en la différence. Il y a des endroits froids et faibles, et jamais il n’ira plus loin qu’Alexandre et qu’Andromaque. Bajazet est au-dessous, au sentiment de bien des gens, et au mien, si j’ose me citer. Racine fait des comédies pour Champmeslé : ce n’est pas pour les siècles à venir. Si jamais il n’est plus jeune et qu’il cesse d’être amoureux, ce ne sera plus la même chose. Vive donc notre vieil ami Corneille ! Pardonnons-lui de méchants vers, en faveur des divines et sublimes beautés qui nous transportent : ce sont des traits de maître qui sont inimitables. Despréaux en dit encore plus que moi ; et en un mot, c’est bon goût : tenez-vous-y.

Voici un bon mot de Mme Cornuel, qui a fort réjoui le parterre. M. Tambonneau le fils a quitté la robe, et a mis une sangle autour de son ventre et de son derrière. Avec ce bel air, il veut aller sur la mer : je ne sais ce que lui a fait la terre. On disait donc à Mme Cornuel qu’il s’en allait à la mer : « Hélas, dit-elle, est-ce qu’il a été mordu d’un chien enragé ? » Cela fut dit sans malice, c’est ce qui a fait rire extrêmement.

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