Exercices de style de Raymond Queneau

Lien vers l’auteur

Exercices de style est l’un des ouvrages les plus célèbres de Raymond Queneau.

Ce livre a été publié en 1947 chez Gallimard.

Jugés d’abord « avec tristesse » par le directeur d’une revue influente, les Exercices de Style devinrent très vite populaires par des mises en voix et des mises en scène que l’auteur n’avait pas prévus.

Citons la première mise en scène d’Yves Robert à la Rose Rouge , en 1949, avec les Frères Jacques, le disque de ces derniers en 1954, les représentations du Petit Montparnasse en 1981 et de multiples mises en scène contemporaines.

Le succès des Exercices de Style ne s’est jamais démenti. Ces Exercices ont eu également une portée pédagogique considérable et une influence décisive sur le théâtre de Ionesco. Celui-ci a d’ailleurs confié : « Je crois que si je n’avais pas lu les Exercices de style de Raymond Queneau , je n’aurais pas pu présenter La Cantatrice Chauve, ni rien d’autre à une compagnie théâtrale ».

Résumé

Cet ouvrage singulier est une série de 99 textes courts évoquant la même histoire de 99 façons différentes.

L’histoire elle-même tient en quelques mots.

Le narrateur rencontre dans un bus bondé de la ligne S un jeune homme au long cou, coiffé d’un chapeau mou. Ce jeune homme échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s’asseoir à une place devenue libre. Deux heures plus tard, le narrateur revoit ce jeune homme devant la gare Saint- Lazare . Il est alors en train de discuter avec un ami. Celui-ci lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus.

4 extraits d’Exercices de style

Notations

« Dans l’S, à une heure d’affluence. Un type dans les vingt-six ans, chapeau mou avec cordon remplaçant le ruban, cou trop long comme si on lui avait tiré dessus. Les gens descendent. Le type en question s’irrite contre un voisin. Il lui reproche de le bousculer chaque fois qu’il passe quelqu’un. Ton pleurnichard qui se veut méchant. Comme il voit une place libre, se précipite dessus.

Deux heures plus tard, je le rencontre cour de Rome, devant la gare Saint- Lazare. Il est avec un camarade qui lui dit : « tu devrais faire mettre un bouton supplémentaire à ton pardessus. »; il lui montre où (à l’échancrure) et pourquoi ».

En partie double

« Vers le milieu de la journée et à midi, je me trouvai et montai sur la plate-forme et la terrasse arrière d’un autobus et d’un véhicule des transports en commun bondé et quasiment complet de la ligne S et qui va de la Contrescarpe à Champerret. Je vis et remarquai un jeune homme et un vieil adolescent assez ridicule et pas mal grotesque : cou maigre et tuyau décharné , ficelle et cordelière autour du chapeau et couvre-chef. Après une bousculade et confusion, il dit et profère d’une voix et d’un ton larmoyants et pleurnichards que son voisin et covoyageur fait exprès et s’efforce de le pousser et de l’importuner chaque fois qu’on descend et sort. Ceci déclaré et après avoir ouvert la bouche, il se précipite et se dirige vers une place et un siège vides et libres.

Deux heures après et cent vingt minutes plus tard, je le rencontre et le revois cour de Rome et devant la gare Saint-Lazare. Il est et se trouve avec un ami et copain qui lui conseille de et l’incite à faire ajouter et coudre un bouton et un rond de corozo à son pardessus et manteau ».

Litotes

« Nous étions quelques-uns à nous déplacer de conserve. Un jeune homme, qui n’avait pas l’air très intelligent, parla quelques instants avec un monsieur qui se trouvait à côté de lui, puis il alla s’asseoir. Deux heures plus tard, je le rencontrai de nouveau ; il était en compagnie d’un camarade et parlait chiffons.»

Rétrograde

« Tu devrais ajouter un bouton à ton pardessus, lui dit son ami. Je le rencontrai au milieu de la cour de Rome, après l’avoir quitté se précipitant avec avidité vers une place assise. Il venait de protester contre la poussée d’un autre voyageur, qui, disait-il, le bousculait chaque fois qu’il descendait quelqu’un. Ce jeune homme décharné était porteur d’un chapeau ridicule. Cela se passa sur la plate-forme d’un S complet ce midi-là ».

En savoir plus:

Zazie dans le métro de Raymond Queneau