Blaise Pascal

Introduction

Pascal_2.jpeg (21741 octets)

 » … Pascal est un génie. A douze ans , il redécouvre à sa façon les mathématiques; à seize, il invente la géométrie projective, aujourd’hui encore nécessaire à la mécanique et aux sciences de l’ingénieur; à dix-neuf, il met au point la première machine à calculer, dont s’inspirent encore tous nos ordinateurs; à vingt trois ans, il invente la physique expérimentale, calcule la pesanteur de l’air, conçoit la presse hydraulique et fait s’écrouler une théorie multimillénaire, selon laquelle la nature aurait « horreur du vide ». A vingt-huit il invente le calcul des probabilités, pilier de toutes les sciences sociales et physiques d’aujourd’hui. A trente, il contribue à fixer la langue française et crée le journalisme polémique. A trente-cinq, souffrant le martyre, il résout l’un des plus difficiles problèmes mathématiques jamais posés, tout en inventant le calcul intégral. Et dans la plus belle langue française, une prose telle qu’on ne l’a jamais maniée avant lui, il écrit des pages immortelles sur la condition humaine, sur des relations entre science et foi, liberté et imagination, bonheur et compassion , pouvoir et force, mêlant sans cesse le hasard et la loi, la nature et la coutume, l’esprit et le cœur, la science et l’expérience, l’ici-bas et la mystique… Avec l’obsession de dévoiler , classifier, expliquer les causes cachées des plus insignifiantes mesquineries humaines comme des plus grands événements.

Tout cela sans projet , sans plan préconçu, sans vouloir rien publier ni laisser de traces, si ce n’est en se dissimulant derrière sept identités distinctes, chacune dotée de sa propre personnalité. Seulement pour relever les défis de l’intelligence que l’amitié et le hasard mettent sur sa route. Dans l’obsession de la pauvreté, du retrait, de l’anonymat, du salut.

Un génie particulièrement français dans toutes ses dimensions : l’intellectuel, le marginal, le journaliste, le polémiste, le rebelle, l’homme d’action, soucieux d’universel, certes, mais aussi le délateur, l’arrogant, le jaloux, le menteur… »

Jacques Attali , Blaise Pascal ou le génie français, Fayard, 2000 ( Droit de reproduction interdit)

 

 » Il y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques ; qui, à seize, avait fait le plus savant traité des coniques qu’on eût vu depuis l’antiquité ; qui, à dix-neuf, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l’entendement ;qui à vingt-trois, démontra les phénomènes de la pesanteur de l’air, et détruisit une des grandes erreurs de l’ancienne physique ; qui, à cette âge où les autres commencent à peine à naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s’aperçut de leur néant et tourna ses pensées vers la religion ; qui, depuis ce moment jusqu’à sa mort, arrivé dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort ; enfin qui, dans les cours intervalles de ses maux, résolut, par distraction, un des plus hauts problèmes de la géométrie, et jeta sur le papier des pensées qui tiennent autant du Dieu que de l’homme. Cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal. « 

Chateaubriand

 

« Pascal brille dans la science, dans la polémique, dans la théologie, dans la philosophie. C’est un génie universel. Il est dépassé comme savant . Il est indépassable comme écrivain. Il a porté à l’incandescence la géométrie enflammée par l’amour de Dieu : sa place est immense dans cette littérature que son génie méprisait. Corneille est le créateur de notre vers classique. Pascal est le créateur de notre prose classique. A eux deux avec le Cid, avec les Provinciales et les Pensées, ils président à la naissance de ce que Thucydide appelait … , un trésor pour toujours : la langue française classique. »

Jean d’Ormesson : Une autre Histoire de la littérature, Tome 1

 

« L’œuvre de Pascal ne semble pas obéir à un projet ou à une ambition. Son génie multiforme s’exprime dans des domaines aussi divers qu’on ne sait quel Pascal choisir. Si l’on feint un moment d’oublier l’ancrage littéraire de notre étude, on se trouve confronté à un mathématicien précoce, un physicien qui ne l’est pas moins, un écrivain polémiste engagé dans les querelles théologiques et morales de son temps, un théologien fervent, un philosophe critique d’Epitecte et de Montaigne, et même une sorte de polytechnicien qui commence par mettre au point une machine à calcul et finit par invente les transports en commun. »

François Collet,Pascal, Editions Nathan 1993

Biographie

1623 Naissance le 19 juin de Blaise Pascal à Clermont (aujourd’hui Clermont-ferrand). Il est le fils d’Etienne Pascal, juriste, passionné de mathématiques et second président de la cour des aides de Clermont et d’Antoinette Begon
1626 Mort d’Antoinette Begon, la mère de Blaise Pascal.
1631 Le père Étienne Pascal, le petit Blaise et ses deux sœurs Gilberte (1620) et Jacqueline(1625) s’installent à Paris en novembre.
Blaise est de santé fragile
1634 Etienne Pascal vend sa charge pour se consacrer à l’éducation de ses enfants.
1635 Étienne Pascal se rend avec son fils l’Académie des sciences fondée par le philosophe Marin Mersenne
Très vite Blaise Pascal fait preuve de dons exceptionnels : à 12 ans il démontre seul la trente-deuxième proposition d’Euclide (la somme des angles d’un triangle est égale à deux angles droits). Son père qui avait privilégié jusque-là l’étude des langues anciennes au détriment des mathématiques, décide alors de lui acheter un volume sur la géométrie d’Euclide
1639 La famille de Blaise Pascal s’installe à Rouen, où son père est nommé adjoint de l’intendant de Normandie, chargé de collecter les impôts
1640 A 17 ans, Blaise Pascal publie son premier ouvrage : l’Essai sur les Coniques, qui le fait connaître dans le monde des savants français et européens
1642 Blaise Pascal met au point une machine arithmétique pour aider son père dans le calcul des impôts. Cette invention vaut au jeune prodige une solide renommée dans le domaine des sciences et des techniques
1646 Sous l’influence de Jean Duvergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran, la famille Pascal se convertit à un christianisme austère.
Le père de Blaise Pascal se blesse à la cuisse. Il est soigné par deux gentilshommes, les frères Deschamps, qui lui prêtent des ouvrages jansénistes (alors que le jansénisme fait déjà l’objet, depuis 1641, de premières condamnations). Blaise Pascal qui a de fréquentes conversations avec eux, ainsi que sa sœur Jacqueline, sont ébranlés par les idées jansénistes de ces messieurs de Port Royal.
Cette période constitue ce que l’on a appelé  » la première conversion » de Pascal
A l’automne, Blaise Pascal et son père répètent les expériences de Torricelli sur le vide. La théorie de Torricelli est révolutionnaire car aucun savant n’avait osé remettre en cause jusque-là le concept d’Aristote selon lequel « la nature a horreur du vide »
1647 Pascal prend part à une polémique connue sous le nom d’affaire sainte Ange : Jacques Forton , sieur de Saint-Ange, exposait en privé sa conception de la théologie et prétendait démontrer rationnellement la Trinité; ce qu’il fit auprès de Pascal et de deux de ses amis. Les 3 amis rapportèrent les paroles de Saint-Ange auprès de l’archevêché de Rouen, et rédigèrent un très précis Récit de deux conférences ou entretiens particuliers. Saint-Ange dut se rétracter et renoncer à ses idées . cet épisode marque le première polémique théologique de Pascal.
Pascal rencontre Descartes, mais les deux hommes ne peuvent se mettre d’accord sur la question du vide.
La santé de Pascal se détériore. Devant l’aggravation de ses maux de tête et d’estomac, les médecins lui recommandent l’arrêt de tout travail intellectuel intensif
1648 Blaise Pascal fait réaliser par son beau-frère ( Florin Perier, le mari de Gilberte), le 1er septembre une expérience au sommet du Puy de Dôme. Cette célèbre expérience donne lieu en octobre à la publication du récit de la Grande Expérience de l’équilibre des liqueurs
1649 La famille Pascal fuit les troubles de la Fronde et retourne à Clermont
1651 Mort du père de Pascal , le 24 septembre. Pascal écrivit à sa sœur Gilberte, deux lettres de consolation dans lesquelles il émet des préceptes de conduites particulières pour ce deuil familial et développe une réflexion sur la nature de la mort. Ces deux lettres seront publiées à titre posthume, en 1670, avec les Pensées, sous le titre de Pensées sur la mort.
1652 Le 4 janvier, Jacqueline Pascal, la sœur de Blaise se retire à Port-Royal de Paris .
Pascal poursuit ses travaux scientifiques et mène alors une période de vie mondaine, avec notamment le chevalier de Méré et le riche Damien Mitton.
Discours sur les passions de l’amour (1652), attribué longtemps à Pascal, mais sans doute l’œuvre du chevalier de Méré
1653 Jacqueline Pascal fait sa profession de foi, malgré l’opposition de son frère qui lui, pendant cette période, mène à la fois une vie mondaine intense et une intense activité scientifique.
Rédaction du Traité du triangle arithmétique ( publié à titre posthume en 1665)
1654 A la fin de l’année, Blaise Pascal fait part de son dégoût du monde : un grand mépris du monde et un dégoût insupportable de toutes les personnes qui en sont ( extrait de la lettre de Jacqueline de Sainte Euphémie à Mme Périer)
La nuit du 23 Novembre, Pascal connaît une illumination qui va bouleverser son existence : Depuis environ dix heures et demi du soir jusque minuit, quinze jours après un accident très grave de voiture sur le pont de Neuilly, auquel il survécut miraculeusement, Pascal fit une expérience « d’extase mystique » . On découvrira à sa mort, un parchemin ( le Mémorial) que Pascal avait caché dans la doublure de son pourpoint et qui relate l’état d’exaltation dans lequel il se trouvait cette nuit-là. Il y affirme la certitude de sa foi et s’engage à la soumission envers le Christ : « Certitude, certitude, sentiment, joie, paix. Joie, joie, joie, pleurs de joie« . Cet épisode constitue la « seconde conversion » de Pascal.
Celle-ci fut décrite par sa sœur Gilberte comme un double renoncement : à la vie du monde et ses plaisir empestés, mais aussi aux sciences humaines (physique, mathématiques, géométrie…) vaines par rapport à la science divine .
1655 Retraite à Port Royal des Champs
Pascal rédige l’Abrégé de la Vie de Jésus-Christ, l’Entretien avec Monsieur de Saci sur Épictète et Montaigne.
1656 Pascal prendpart à la querelle qui oppose les jansénistes aux jésuites et à la Sorbonne en rédigeant les Provinciales (lettres fictives adressées à un ami provincial). Ces 18 lettres seront publiées une par une et anonymement. Il y défend la rigueur du jansénisme, notamment à partir de la question fondamentale de la grâce . La première lettre paraît le 23 janvier : Lettre escrite à un provincial par un de ses amis sur le sujet des disputes présentes de la Sorbonne
Le 24 mars, Marguerite Perrier, la filleule de Pascal ( la fille de sa sœur Gilberte), est guérie miraculeusement d’une fistule purulente à l’œil gauche dont elle souffre depuis longtemps. Alors que rien ne pouvait la guérir, et qu’elle était promise à une mort prochaine, le contact de la Sainte-Épine, (relique de la couronne du Christ conservée à Port-Royal) la guérit instantanément . Pascal fut certainement très impressionné par ce miracle ( on trouve dans les Pensées de nombreuses réflexions sur le miracle).
1658 Pascal expose lors d’une conférence à Port-Royal l’Apologie de la religion chrétienne
1659 A partir de février, Pascal tombe gravement malade.
1661 La polémique s’envenime entre les jansénistes et l’assemblée du clergé de France. Cette dernière impose la signature d’un formulaire à tout prêtre ou religieux. Arnaud et Nicole, deux des figures théologiques de Port Royal sont prêts à se soumettre, mais Pascal s’y oppose fermement dans Ecrit sur la signature du formulaire. Jacqueline, la sœur de Pascal, accepte, elle de se soumettre, elle meurt 4 mois plus tard le 4 octobre.
Suite à la mort de sa sœur, Pascal décide de stopper la polémique afin de plus se consacrer qu’à Dieu
1662 Pascal invente avec le duc de Roannez le carrosse à cinq sols, qui est considéré comme l’un des premiers transports en commun.
En juin sa maladie s’aggrave.
Pascal s’éteint le 19 Août, 2 mois après son trente-neuvième anniversaire, à 1 heure du matin, après avoir prononcé ces dernière paroles : Que Dieu ne m’abandonne jamais !
1665 Traité du triangle arithmétique (posthume)
1669 Publication posthume des Pensées de M. Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets, qui ont été trouvées après sa mort parmi ses papiers


Oeuvres

1640 l’Essai sur les Coniques
1647 Récit de deux conférences ou entretiens particuliers.
1648 la Grande Expérience de l’équilibre des liqueurs
1655 l’Abrégé de la Vie de Jésus-Christ, l’Entretien avec Monsieur de Saci sur Épictète et Montaigne.
1656 les Provinciales (lettres fictives adressées à un ami provincial). Ces 18 lettres seront publiées en 1656 et 1657
1658 l’Apologie de la religion chrétienne
1661 Ecrit sur la signature du formulaire
1665 Traité du triangle arithmétique (posthume)
1669 Les Pensées : Pensées de M. Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets, qui ont été trouvées après sa mort parmi ses papiers (posthume)

Liens