Friedrich Nietzsche (1844-1900)

« Oui, je sais d’où je proviens
Toujours à jeun comme la flamme
Je m’embrase et je me consume,
Ce que j’attrape devient lumière,
Et charbon, ce que je délaisse
Oui je suis flamme assurément ».

Le Gai Savoir – Nietzsche

Friedrich Wilhelm Nietzsche est né le 15 octobre 1844, à Röcken, près de Leipzig. Issu d’une lignée de pasteurs luthériens, le petit garçon est, semble-t-il, lent à parler, ne balbutiant pas un mot avant l’âge de deux ans et demi. Il en a à peine 5 lorsque son père meurt d’un « ramollissement cérébral ». Ce qui lui fera penser que sa propre maladie est héréditaire. L’enfant est alors élevé par sa mère, avec Élisabeth, la sœur possessive qu’il a surnommée le « lama . Friedrich est l’enfant prodige : il compose de la musique, développe un don d’improvisation …

Entré au collège de Naumburg à 10 ans, le jeune garçon est un élève brillant que l’on conseille d’envoyer dans un meilleur établissement. À douze ans, il rejoint ainsi le collège de Pforta. Déjà fort angoissé quant à son avenir et ayant une grande soif de connaissance, Nietzsche se lance sur les traces de son père en étudiant la théologie. Vers 17 ans, le jeune homme se passionne toutefois pour la poésie — surtout celle de Lord Byron — et rêve de devenir musicien, au grand désarroi de sa mère qui l’en dissuade.
C’est à ce moment-là que Nietzsche commence à se questionner sur la religion et la philosophie. Toujours aussi bon élève, il réussit ses examens malgré de grandes difficultés en mathématiques et poursuit ses études en théologie à l’université de Bonn. Se désintéressant de la philologie et souffrant de solitude, Nietzsche découvre alors les ouvrages d’Arthur Schopenhauer, qui éveille sa vocation de philosophe.

En 1869, à l’âge de 24 ans, il devient la plus jeune personnalité à occuper la chaire de philologie classique de l’université de Bâle. Il commence l’ébauche de son premier ouvrage, La Naissance de la tragédie. Sa publication en 1872 suscite de vives critiques au sein des milieux universitaires, nuisant à sa réputation de philologue. Il peut heureusement compter sur le soutien de son ami Richard Wagner, rencontré quelques années plus tôt.
En 1875, Nietzsche tombe gravement malade, souffrant de crises de paralysie et d’effroyables maux de tête. Il se détache du compositeur allemand en raison principalement de l’antisémitisme de l’épouse de ce dernier. Un an plus tard, il écrit une première critique sur son camarade dans Richard Wagner à Bayreuth, quatrième volume de ses Considérations inactuelles commencées en 1873. Coupant les ponts avec le couple Wagner en 1878, Nietzsche publie Humain, trop humain et se rapproche de Paul Rée. Toujours aussi malade, le philosophe obtient une pension et abandonne son poste de professeur pour partir alimenter sa réflexion et se soigner dans diverses villes d’Italie. C’est lors de ces voyages qu’il rencontre Lou Andréas-Salomé, avec qui il vivra sa seule histoire d’amour, purement platonique.

Cette aventure sentimentale est toutefois aussi partagée avec Paul Rée, et Nietzsche finit par se détacher de son ami et de Lou pour se retrouver à nouveau seul. À cette époque, il écrira aussi l’une de ses œuvres les plus connues, Ainsi parlait Zarathoustra, publiée dans son intégralité en 1885.
S’il continue d’enchaîner les publications, notamment avec Par-delà le bien et le mal (1886), Le Cas Wagner (1888) ou encore Crépuscule des idoles (1888), Nietzsche commence doucement à sombrer dans la folie. Au début de l’année 1889, pris d’une crise de démence, il se jette au cou d’un cheval qu’un cocher était en train de fouetter et fond en larmes. Peu après cet événement, il se prend pour le Christ et Dionysos, et sombre de plus en plus dans la démence, finissant par devenir partiellement paralysé. Placé en institution, il finit les dix dernières années de sa vie dans un état quasi végétatif avant de mourir à Weimar le 25 août 1900.

Lorsque Nietzsche bascule dans la folie, sa sœur Élisabeth entreprend de publier les derniers ouvrages du philosophe. Cherchant surtout à rendre son frère célèbre pour en profiter, elle va faire passer La Volonté de puissance (1901) comme l’œuvre résumant toute la pensée de Nietzsche, alors qu’il s’agissait d’un projet d’ouvrage totalement abandonné et inachevé par l’auteur.

L’auteur de La Naissance de la tragédie, Humain, trop humain, Ainsi parlait Zarathoustra ou encore Ecce homo a remis en cause les valeurs religieuses, morales, politiques et philosophiques de la culture occidentale du XIXe siècle. Toujours d’actualité, ses ouvrages ont exercé une influence considérable sur de nombreux artistes et philosophes.

Source bibliographique :  fnac.com

Le Don Juan de la connaissance

« L’attitude de Nietzsche devant la vérité est tout à fait démoniaque; c’est une passion tremblante , à l’haleine brûlante, avide et nerveuse et qui ne se satisfait et ne s’épuise jamais, qui ne s’arrête à aucun résultat et poursuit au-delà de toutes les réponses son questionnement impatient et rétif. Jamais in n’attire à lui une connaissance d’une manière durable , pour en faire , après avoir prêté serment et lui avoir juré fidélité, sa femme, son « système », sa « doctrine ».

Toutes l’excitent et aucune ne peut le retenir. Dès qu’un problème a perdu sa virginité, le charme et le secret de la pudeur, il l’abandonne sans pitié et sans jalousie aux autres après lui, tout comme Don Juan – son propre frère en instinct- fait pour ses mille e tre , sans plus se soucier d’elles. Car, de même que tout grand séducteur cherche à travers toutes les femmes , la femme, de même Nietzsche cherche à travers toutes les connaissances, la connaissance – la connaissance éternellement irréelle et jamais complètement accessible. Ce qui l’excite jusqu’à la souffrance, jusqu’au désespoir, ce n’est pas la conquête, ce n’est pas la possession ni la jouissance , mais toujours uniquement l’interrogation, la recherche et la chasse ».

Stephan Zweig
Nietzsche
Editions Stock

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