Carmen de Prosper Merimee

Lien vers l’auteur

Cette nouvelle de Prosper Mérimée est publiée le 1er octobre 1845 à Paris dans la Revue des deux mondes.

Lorsqu’il publie Carmen, Mérimée s’est déjà rendu deux fois en Espagne.

Tout d’abord en 1830, c’est lors de ce voyage qu’il fait la connaissance d’Eugénie de Montijola, la future épouse de l’empereur Napoléon III. Il s’y rend une seconde fois en 1840. Il ne visite alors que Madrid et le nord de l’Espagne.

Sa recherche bibliographique et ses souvenirs de voyage nourriront ce court récit qui symbolise la passion destructrice.

Résumé de Carmen

Au cours d’un voyage en Espagne, le narrateur, archéologue, rencontre, au bord d’une source , un brigand, José Navarro. Il protège sa fuite et lui évite d’être arrêté.

La semaine suivante, à Cordoue, le narrateur fait la connaissance de Carmen, une jolie gitane. Cette fois, c’est José Navarro qui le sauve du guet-apens dans lequel Carmen voulait le faire tomber.

Quelques mois plus tard, le narrateur rend visite à José, la veille de son exécution. Le bandit lui raconte son histoire : brigadier des dragons, il est devenu déserteur, meurtrier, contrebandier et voleur par amour pour Carmen. Puis délaissé par la belle gitane, il l’a tuée …

Quelques jugements sur Mérimée et ses nouvelles

Mérimée, agnostique et qui n’a jamais été baptisé, nourri de Voltaire, des Encyclopédistes et des Idéologues, rivalisant avec son ami Stendhal de sarcasmes contre l’Eglise, les prêtres et toutes les religions, affichait l’impiété, un matérialisme intrépide, une confiance hautaine dans la science et la raison. En fait, il n’est sûr de rien, il est torturé par le doute, obsédé par une présence qu’il n’appelle pas Dieu parce qu’il se refuse au dogme comme à la révélation, mais qu’il décèle dans les forces mystérieuses de l’Univers, dans la toute puissance du destin, dans l’innommable comme dans l’ineffable . Stendhal, lui, n’avait aucune inquiétude religieuse ni métaphysique : aussi n’a-t-il jamais écrit de conte fantastique . Pour en rêver, ne fût-ce qu’un seul, il faut avoir le sens du mystère, de l’au-delà, d’une transcendance de quelque nature qu’elle soit.

Marcel Schneider, La littérature fantastique en France, Fayard, 1964

 

Il sait faire vingt pages, où les romantiques s’évertuent à souffler un volume. Aussi quelle plénitude dans cette brièveté. Un paysage est complet en cinq ou six lignes. Les caractères se dessinent par une action significative, que le romancier a su choisir en faisant abstraction du reste…

Il est simple aussi : ni sensibilité, ni grandes phrases; un ton uni, comme celui d’un homme de bonne compagnie qui ne hausse jamais la voix. On peut imaginer l’effet de cette voix douce et sans accent quand elle raconte les pires atrocités. Car Mérimée est « cruel », il conte avec sérénité toutes sortes de crimes, de lâchetés et de vices, les histoires les plus répugnantes ou les plus sanglantes; ne croyant ni à l’homme ni à la vie, il choisit les sujets où son froid mépris trouve le mieux à se satisfaire

Gustave Lanson, Histoire de la Littérature française, 1894, Hachette

Source bibliographique

Carmen de Prosper Mérimée  (Hachette)
Kléber Haedens  Une Histoire de la Littérature française, Grasset 1970
Le Robert des Grands Ecrivains de langue française