Jean Lorrain pseudonyme de Paul Duval (1855-1906)

Introduction

 » C’est une sorte de grand barbare, un barbare authentique, installé dans l’Urbs boulevardière, où il apporte et prodigue depuis vingt ans ses instincts de sang et de volupté.  » Henry BATAILLE

 » Jean Lorrain sort de l’oubli comme un monstre pêché dans les profondeurs pour prendre place à côté de Wilde, de D’Annunzio, de Sarah Bernhardt et de Gustave Moreau, à côté de tous ceux qui ont eu le culte de la Beauté, qui en ont parfois vécu cyniquement, mais qui, finalement, sont morts pour elle.  » Philippe JULLIAN, Jean Lorrain ou le Satiricon 1900.

 

Jean Lorrain est né à Fécamp le 9 août 1855 sous le nom de Paul Duval. Après des études chez les Dominicains et le service militaire, il s’installe à Paris où il devient journaliste. Il acquiert sa renommée grâce aux premiers articles qu’il livre au Chat Noir et au Décadent, avant de devenir un chroniqueur mondain et souvent cruel dans des revues à la mode telles que L’Écho de Paris. A la fois poète, romancier, conteur fantastique, chroniqueur, il est l’auteur d’une œuvre sulfureuse représentative de l’esprit  » fin de siècle « . Dandy homosexuel, esthète abusant de toutes sortes de stupéfiants, Jean Lorrain est surtout connu pour ses excentricités et ses fréquentations. Son œuvre placée sous le signe de l’exploration des vices et de tous les milieux compte entre autres des romans comme Monsieur de Bougrelon (1897), Monsieur de Phocas (1901) ou La Maison Philibert (1904) qui a pour cadre une maison close ; des recueils de nouvelles Histoires de masques (1900), Princesses d’ivoire et d’ivresse (1902) ; des recueils de poèmes Le Sang des Dieux (1882) et de nombreuses chroniques journalistiques. Jean Lorrain est mort à Paris le 30 juin 1906.

Noëlle Benhamou

Bibliographie

A lire les études suivantes :

Thibaut d’Anthonay, Jean Lorrain, barbare et esthète, Paris : Plon, 1991.

Philippe Jullian, Jean Lorrain ou le Satiricon 1900, Paris : Fayard, 1974.

Pierre Kyria, Jean Lorrain, Paris : Seghers, 1973.

Biographie

 

1855 le 9 août, Paul Duval, futur Jean Lorrain, naît à Fécamp.
1864-1869 études au lycée du Prince-Impérial à Vanves.
1869 interne chez les dominicains d’Arcueil, au collège Albert-le-Grand. Premiers poèmes.
1873 rencontre Judith Gautier lors de vacances à Fécamp.
1875 à Saint-Germain-en-Laye, il fait son service militaire au 12e hussards.
1876 -1878 études de droit à Paris.
1878 -1880 après avoir abandonné ses études de droit, il fréquente les salles de rédaction et les cafés. Fréquents voyages Paris-Fécamp. Premiers ennuis de santé.
1880 il s’installe à Paris et choisit la carrière littéraire. Il habite Montmartre et fréquente le Chat Noir, où il rencontre les Hydropathes et les Zutistes, Jean Moréas, Maurice Rollinat, Jean Richepin…
1882 chez Lemerre, il publie à compte d’auteur Le Sang des dieux, premier recueil de poèmes, et collabore à la revue du Chat noir.
1883 parution chez Lemerre de La Forêt bleue, second recueil de poèmes. Il rencontre Barbey d’Aurevilly, Léon Bloy, François Coppée, Huysmans, Laurent Tailhade… Sa mauvaise santé l’oblige à de fréquents séjours à Fécamp.
1884 collaboration au Courrier français avec un article sur Rachilde intitulé  » Mademoiselle Salamandre « .
1885 parution de Modernités, recueil de poèmes, puis de Viviane, pièce de théâtre, et d’un roman Les Lépillier. Rencontre d’Edmond de Goncourt, qui restera lié avec Jean Lorrain jusqu’à sa mort en 1896.
1886 mort du père de Jean Lorrain. Rencontre avec Sarah Bernhardt. Publication de son second roman Très russe. Maupassant croyant se reconnaître sous les traits de Beaufrilan lui envoie ses témoins. Lorrain refuse le duel. Articles et poèmes publiés dans La Vie moderne.
1887 quitte le Courrier français pour L’Événement. Duel avec René Maizeroy, écrivain et journaliste. Il s’installe 8, rue de Courty. Publication d’un recueil de poèmes Griseries. Rencontre Pierre Loti chez Sarah Bernhardt.
1888 publication d’un recueil de chroniques parues au Courrier français et à L’Evénement : Dans l’oratoire. Un incident avec Paul Verlaine manque de provoquer un duel. Collabore à L’Écho de Paris avec une nouvelle  » La dame aux lèvres rouges « .
1890 quitte L’Événement pour L’Écho de Paris, auquel il collaborera jusqu’en 1895. Il s’installe au 45, rue d’Auteuil, non loin de Goncourt à qui il rend souvent visite.
1891 publication de Sonyeuse, recueil de nouvelles. Il écrit une cinquantaine articles pour L’Écho de Paris, sans compter ses collaborations à divers journaux.
1892 janvier, départ pour l’Espagne et premier voyage en Algérie. Sa mère vient le rejoindre à Auteuil et restera près de lui jusqu’à sa mort.
1893 publication de Buveurs d’âmes, recueil de nouvelles. Fait la connaissance d’Yvette Guilbert pour laquelle il composera des chansons. Opération d’ulcérations à l’intestin, dues à l’absorption d’éther, par le docteur Pozzi. Nouveau voyage en Algérie.
1894 rencontre avec Liane de Pougy. Il va peu à peu la hisser dans la galanterie. Publication de Yanthis, drame en quatre actes.
1895 publication de Sensations et souvenirs, Un démoniaque, recueils de nouvelles, et de La Petite Classe, recueil de chroniques préfacé par Maurice Barrès. Collaboration au Journal avec lequel s’ouvre l’ère des  » Pall-Mall Semaine « . Séjour en maison de santé.
1896 publication d’Une femme par jour, recueil de seize portraits de contemporaines. Lorrain est le journaliste le mieux payé de Paris et figure sur la première liste des membres devant constituer la future académie Goncourt. Publication du premier tome de Poussières de Paris, recueil de chroniques parisiennes.
1897 duel avec Marcel Proust. Publication des Contes pour lire à La chandelle, de L’Ombre ardente, recueil de poèmes, et de Monsieur de Bougrelon.
1898 publication de Princesse d’Italie et de La Dame turque. Premier voyage à Venise.
1899 publication d’Heures d’Afrique et de Madame Baringhel. Voyages à Toulouse, Marseille, Béziers, Arles.
1900 l’Exposition universelle séduit Jean Lorrain. Publication de Vingt femmes et d’Histoires de masques. Il quitte Paris pour s’installer à Nice. Son séjour sur la Riviera marque une période d’intense activité créatrice.
1901 publication de Monsieur de Phocas, son chef-d’œuvre. Nouveau voyage à Venise.
1902 publication du Vice errant, de Princesses d’ivoire et d’ivresse et de Sensualité amoureuse. Second tome de Poussières de Paris.
1903 publication de Quelques hommes. Lorrain est accusé d’être un corrupteur des mœurs. Il collabore au Gil Blas.
1904 publication de Propos d’âmes simples, Fards et poisons et La Maison Philibert.
1905 cures à Peira-Cava, Le Boréon, et Châtel-guyon. Santé chancellante. Publication de L’École des vieilles femmes, du Crime des riches et d’Heures de Corse.
1906

publication de Madame Monpalou, d’Ellen, et de son Théâtre, recueil de quatre pièces: Brocéliande, Yanthis, La Mandragore, EnnoYa.

12 juin : retour à Paris pour effectuer le compte rendu d’une exposition d’œuvres d’art du XVIIIe siècle, organisée par la Bibliothèque nationale, ainsi que pour l’adaptation de La Princesse sous verre en opéra.

28 juin: trouvé inanimé dans son cabinet de toilette, il est transporté d’urgence à la clinique de la rue d’Armaillé.

30 juin : il meurt vers 18 heures, sans avoir repris connaissance.

4 juillet : enterrement à Saint-Ferdinand-des-Ternes, devant le Tout-Paris des Arts et des lettres. Inhumation à Fécamp

 
Noëlle BENHAMOU


Oeuvres

1882 Le Sang des dieux, premier recueil de poèmes, éd. Lemerre.

1883 La Forêt bleue, second recueil de poèmes, éd. Lemerre.

1885 Modernités, recueil de poèmes.

Viviane, pièce de théâtre.

Les Lépillier, premier roman.

1886 Très russe, second roman.

1887 Griseries, recueil de poèmes.

1888 Dans l’oratoire, recueil de chroniques parues au Courrier français et à L’Evénement.

1891 Sonyeuse, recueil de nouvelles.

1893 Buveurs d’âmes, recueil de nouvelles.

1894 Yanthis, drame en quatre actes.

1895 Sensations et souvenirs, Un démoniaque, recueils de nouvelles.

1896 Une femme par jour, recueil de seize portraits de contemporaines.

La Petite Classe, recueil de chroniques préfacé par Maurice Barrès.

premier tome de Poussières de Paris, recueil de chroniques parisiennes.

1897 Contes pour lire à la chandelle.

L’Ombre ardente, recueil de poèmes.

Monsieur de Bougrelon, roman.

La Dame turque.

1898 Princesse d’Italie.

1899 Heures d’Afrique.

Madame Baringhel.

1900 Vingt femmes.

Histoires de masques.

1901 Monsieur de Phocas, roman.

1902 Le Vice errant.

Princesses d’ivoire et d’ivresse.

Sensualité amoureuse.

Second tome de Poussières de Paris.

1903 Quelques hommes.

1904 Propos d’âmes simples.

Fards et poisons.

La Maison Philibert, roman, Librairie universelle.

1905 L’École des vieilles femmes.

Le Crime des riches.

Heures de Corse.

1906 Madame Monpalou, Ellen.

Théâtre, recueil de quatre pièces

Brocéliande, Yanthis, la Mandragore, EnnoYa.

 

Editions

A boulets rouges : chroniques retrouvées, préface de Denis Neveu, tome I, Rouen : Hubert Julia, 1985.

Contes d’un buveur d’éther, choix, préface et notes de Michel Desbruères, Paris : Marabout, 1975.

Correspondance et Poèmes, Jean Lorrain-Gustave Moreau, Paris : Réunion des Musées nationaux, 1998.

Le Crime des riches suivi de Paris forain, Paris : l’Harmattan, Les Introuvables, 1996.

La Dame aux lèvres rouges, portraits choisis, Paris : Bartillat, 2000.

La Dame turque, Paris : Hatier, Confluence, 1996.

L’Ecole des vieilles femmes, Paris : l’Harmattan, Les Introuvables, 1995.

L’Egrégore et autres nouvelles, Paris : Alfil éditions, 1994.

Espagne, Barcelone, Valence, Murcie, La Rochelle : Rumeur des Ages, 2000.

Heures de Corse, Nîmes : Lacour, Rediva, 1997.

Heures d’Afrique, chroniques du Maghreb (1893-1898), préface de Fathi Ghlamallah, Paris : l’Harmattan, Les Introuvables, 1994.

Histoires de Masques, Paris : Christian Pirot,  » Autour de 1900 « , 1987.

Hôtel de l’Ouest… Chambre 22, en collaboration avec Gustave Coquiot, dans Le Grand Guignol, Le Théâtre des peurs de la Belle Epoque, éd. établie par Agnès Pierron, R. Laffont, Bouquins, 1999.

Les Lépillier, roman suivi de quatre nouvelles, des lettres de l’auteur à son éditeur et d’un choix d’articles, édition, préfaces et notes d’Eric Walbecq, Tusson, Charentes : Du Lérot,  » D’après nature « , 1999.

Lettres inédites à Gabriel Mourey et à quelques autres (1885-1905), préfaces et notes de Jean-Marc Ramos, Lille : Presses Universitaires de Lille, 1987.

La Maison Philibert, préface de Jean Chalon, Paris : Lattès, 1979 ; Paris : Christian Pirot,  » Autour de 1900 « , 1992.

Maison pour dames, préface de Denis Neveu, Rouen : Hubert Julia, 1986 ; Paris : Albin Michel, Bibliothèque Albin Michel, 1990.

Masques et fantômes, préface par Francis Lacassin, Paris : 10/18, 1974. Choix de 45 textes extraits de Sonyeuse (1891), Buveurs d’âmes (1893), Sensations et souvenirs (1895), Un démoniaque (1895), Histoires de Masques (1900), Le Vice errant (1902), Fards et poisons (1904), Le Crime des riches (1905).

Monsieur de Bougrelon, Monsieur de Phocas, préface de Hubert Juin, Paris : UGE, 10/18, 1974.

Monsieur de Bougrelon, Paris : Passage du Marais, 1993 ; in Romans fin de siècle, p.87 à 158, Paris : Robert Laffont, Bouquins, 1999.

Monsieur de Phocas, préface de Hubert Juin, Paris : UGE, 10/18, 1978 ; présentation de Thibaut d’Anthonay, Paris : La Table ronde,  » La Petite Vermillon « , 1992 ; présentation et appareil critique par Hélène Zinck, Paris : Garnier Flammarion, GF, 2001.

Les Noronsoff (deuxième partie du Vice errant), Paris : Editions des Autres,  » Les Pâmés « , 1979 ; préface de Pierre Kyria, Paris : Lattès, 1980 ; préface de Thibaut d’Anthonay, Le Livre à la carte, Les Crépusculaires, 1997.

Le Poison de la Riviera, présentation de Thibaut d’Anthonay, Paris : La Table ronde, 1992.

Le Prince dans la forêt / Histoires de masques, préface de Philippe Jullian, Paris : ARCAM (adapté par Guy Paccio), 1976.

Princesses d’ivoire et d’ivresse, préface de Francis Lacassin, Paris : U.G.E, 1980 ; présentation de Jean de Palacio, Paris : Séguier, Bibliothèque décadente, 1993.

Sonyeuse, présentation de Jean de Palacio, Paris : Séguier, Bibliothèque décadente, 1993.

Très russe, préface de Denis Neveu, Rouen : Hubert Julia, 1986.

Une femme par jour, préface et notes de Michel Desbruères, Paris : Christian Pirot, 1984.

Une saison à Peïra Cava, Nice : ROM, 1996.

Venise, préface d’Eric Walbecq, Paris : La Bibliothèque,  » L’Écrivain voyageur « , 1998.

Le Vice errant, préface de Pierre Kyria, Paris : Lattès, 1980.

Villa Mauresque, Charlieu : La Bartavelle,  » La Belle Mémoire « , 1995.

Liens

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