Jean de la Fontaine

Introduction

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«La Fontaine, il lui suffit de cinq mots pour tout dire. il est encore plus fort que Baudelaire , qui fait parfois de la rhétorique. Lui, il maîtrise toutes les langues, la super savante et le parler de bistrot. Il les mélange , il les arrange, il a des bonheurs d’écriture qui te mettent à genoux, mais jamais il ne nous les casse avec son matos littéraire. Céline a raison. C’est final , La Fontaine.» Fabrice Luchini – Télérama – Janvier 1999

Nous gardons tous au creux de notre mémoire les premiers vers des fablesde la Fontaine : Le Corbeau et le Renard, Le Lièvre et la Tortue , ou La Cigale et la Fourmi. Beaucoup, même, découvrent mi-surpris, mi-satisfaits qu’ils sont capables, à trente, cinquante ou quatre-vingt ans de les réciter encore intégralement.

Oui, La Fontaine a une place privilégiée dans les souvenirs de notre enfance et son nom est indissociable de ces contes brefs et enjoués qui, déjà, enchantaient les salons du dix-septième siècle.

Dans les prologues ou dédicaces de certains de ses recueils, La Fontaine a distillé quelques idées maîtresses : Je me sers d’animaux pour instruire les hommes. Puis plus loin, il a dévoilé quelques secrets : Une morale nue apporte l’ennui… Le conte fait passer le précepte avec lui.« 

Pourtant comme l’indique Martine Silber(1) ,  » Il faut savoir un jour prendre le temps de la relecture , aller au devant de ce qui nous a forcément échappé dans l’enfance, sa malice parfois licencieuse, son goût du bonheur, et de ce gai savoir dont on ne découvre la force qu’avec l’étude. Il faut aussi rencontrer l’homme et découvrir, derrière le poète léger et volage, un citoyen conscient de ses devoirs et de ses doutes, et un ami fidèle jusque dans l’adversité, un écrivain inscrit dans l’histoire de son temps ».

Thibault Doulan

(1) Le Monde : Dossiers et documents littéraires d’avril 1997

Biographie

1621 Naissance à Château-Thierry, le 7 ou 8 juillet, de Jean de La Fontaine, premier enfant de Charles de La Fontaine, détenteur de la charge des Eaux et Forêts et capitaine des chasses du duché de Chateau-Thierry, et de Françoise Pidoux, d’origine poitevine
1621-1641 La Fontaine reste à Château-Thierry jusqu’en classe de 3 ème. Ses maîtres l’initient à la pratique de la rhétorique latine . La Fontaine est passionné par la lecture de l’Astrée d’Honoré d’Urfé. Cet ouvrage sera jusqu’à sa mort, son livre de chevet
1641 Il est novice chez les oratoriens de la rue saint-Honoré
Vers 1646 Il fait ses études de droit à Paris, où il fréquente un cercle de jeunes poètes juristes, les chevaliers de la table ronde (Maucroix, Pellisson, Furetière, Charpentier, Tallemant des Réaux, Antoine Rambouillet de la Sablière).
1647 Mariage de Jean de La Fontaine et Marie Héricart. Il a vingt-six ans, elle est âgée de quatorze ans et demi. LA Fontaine accepetra difficilement les liens du mariage. La séparation de biens des époux interviendra en 1659
1652 La Fontaine achète une charge de maître particulier triennal des Eaux et Forêts du duché de Château-Thierry. Cette fonction ne sera guère rentable
1653 Naissance de Charles , fils de Jean de La Fontaine et de Marie Héricart. Le fabuliste se montrera distant et peu concerné par son fils.
1654 Première pièce : l’Eunuque, comédie adaptée de Térence.
1658 A la mort de son père, La Fontaine hérite de ses deux charges (maître ancien et capitaine des chasses), qu’il cumule avec celle qu’il a achetée lui-même en 1652. Il connaît pourtant des difficultés financières . Celles-ci poussent les époux à une séparation de biens.
Il entre dans le cercle de Nicolas Fouquet, Ministre des Finances de Louis XIV, grâce à son oncle Jannart et à Pellisson. Il dédie au Ministre le poème Adonis .
1659 Fouquet qui est aussi le protecteur de Perrault, Corneille et Molière, le reçoit dans son splendide château de Vaux Le Vicomte, encore en construction, et lui accorde une pension. La Fontaine travaille alors au Songe de Vaux, œuvre que lui ont commandée le surintendant et à son épouse. C’est sans doute à cette période qu’il commence l’écriture de ses premières fables.
1660 Il se lie avec le jeune Racine qui débute à Paris.
1661 Il assiste à la fête donnée à Vaux en l’honneur du roi, le 17 août.; soirée où l’on applaudit Les Fâcheux de Molière. Trois semaines après, Fouquet est arrêté sur ordre de Louis XIV.
La Fontaine se retrouve démuni et ne peut plus subvenir à ses besoins.
1662 Publication de l’Elégie aux nymphes de Vaux qui implore, en vain, la clémence du roi pour son ami Fouquet. En raison de son soutien à l’ancien ministre, Il est obligé de s’exiler, en compagnie de son oncle Jannart, quelques mois à Limoges.
1663 Il adresse à son épouse des lettres en vers et en prose qui deviendront la Relation d’un Voyage de Paris en Limousin.
1664 Il entre au palais du Luxembourg comme gentilhomme servant à la maison de la duchesse d’Orléans : charge subalterne mais peu absorbante. La Fontaine partage son temps entre Paris et Château-Thierry . Il se sépare de sa femme et lui laisse la charge d’élever, Charles, leur fils unique né en 1653.
Il fréquente plusieurs salons : celui de la Duchesse de Bouillon, une des nièces de Mazarin, et celui de l’hôtel de Nevers. Il rencontre Mesdames de Sévigné et de La Fayette, ainsi que La Rochefoulcauld.
Publication des deux premiers contes : Joconde et Le Cocu battu et content
1665 Il publie sa première série de Contes et nouvelles en vers
La Fontaine se lie d’amitié avec Boileau, Molière et Racine.
1666 Publication de la deuxième partie de Contes et nouvelles en vers.
1668 Premier recueil de cent vingt quatre fables regroupés en six livres et dédié au Dauphin : succès immédiat. Dès octobre, publication d’une nouvelle édition en deux tomes de format plus petit
1669 Publication des Amours de Psyché et de Cupidon, une comédie mythologique mêlée de prose et de vers.
1671 Les charges de la Fontaine lui sont entièrement rachetées par le duc de Bouillon, devenu seigneur de Château-Thierry.
Troisième partie de Contes et nouvelles en vers. Nouvelle publication des fables, dont huit fables inédites.
1672 Mort de la duchesse d’Orléans : La Fontaine connaît de nouvelles difficultés financières.
Publication de deux nouvelles fables : le Soleil et les Grenouilles et le Curé et le Mort.
1673 La Fontaine devient l’hôte de Madame de La Sablière, alias la belle Iris, qui reçoit les grands esprits du temps. Il retrouve ici quelques amis, dont Charles Perrault. Il se lie avec Bernier, grand voyageur et disciple du philosophe Gassendi ; il rencontre le médecin Antoine Menjot, le mathématicien Roberval. Il s’inspirera des anecdotes et des sujets de toutes ces conversations pour la rédaction des fables du second recueil.
Poème de La Captivité de Saint Malc.
1674 La Fontaine écrit un livret d’opéra pour Lully, Daphnée, mais se fâche avec le compositeur.
Nouveaux Contes, qui seront interdits à la vente.
1678 Second Recueil de Fables (livres ViI à XI) illustré par Chauveau et dédié à Madame de Montespan.
1683 La Fontaine est élu à l’Académie, au siège de Colbert, le 15 novembre.
Louis XIV refuse son approbation et l’oblige à attendre l’élection de de Boileau, son historiographe, en avril 1684.
1684 La Fontaine est reçu à l’Académie le 2 mai.
1685 Scandale du Dictionnaire de Furetière. Dans ce conflit entre l’Académie et son ancien ami, La Fontaine prend position pour l’académie
Publication de onze fables et de cinq nouveaux contes.
1687 Querelle des Anciens et des Modernes : La Fontaine dans son Epitre à Huet, prend habilement parti pour les anciens sans s’aliéner les modernes.
1688 Le Milan, le Roi et le Chasseur fable dédiée au prince de Conti pour son mariage
1690 Publication des Compagnons d’Ulysse
1691 Publication des deux Chèvres et du Thésauriseur et le Singe
1692 Publication de la Ligue des Rats
1693 Madame de La Sablière, qui s’était retirée aux Incurables en 1685, meurt en janvier.
Tombé gravement malade mi-décembre 1692, La Fontaine reçoit l’extrême-onction en février 1693. Pressé de revenir sur sa vie dissolue , il confesse publiquement ses fautes devant une délégation de l’Académie .Il aurait alors renié ses contes et promis de ne plus en écrire.
Rétabli, il se retire chez son ami d’Hervart, conseiller au parlement de Paris, fils d’un puissant financier qui avait été contrôleur général des Finances sous Mazarin.
1694 Publication du dernier recueil des Fables (livre XII). Ce livre regroupe toutes les fables publiées séparément depuis 1678 ainsi qu’une dizaine de fables inédites
1695 La Fontaine meurt à Paris le 13 avril à l’âge de 74 ans.

Oeuvres

1654 Première pièce : l’Eunuque, comédie adaptée de Térence.
1662 Publication de l’Elégie aux nymphes de Vaux
1663 La Relation d’un Voyage de Paris en Limousin.
1664 Publication des deux premiers contes : Joconde et Le Cocu battu et content
1665 Première série de Contes et nouvelles en vers
1666 Publication de la deuxième partie de Contes et nouvelles en vers.
1668 Premier recueil de cent vingt quatre fables regroupés en six livres et dédié au Dauphin
1669 Publication des Amours de Psyché et de Cupidon
1671 Troisième partie de Contes et nouvelles en vers. Nouvelle publication des fables, dont huit fables inédites.
1672 Publication de deux nouvelles fables : le Soleil et les Grenouilles et le Curé et le Mort.
1673 Poème de La Captivité de Saint Malc.
1678 Second Recueil de Fables (livres ViI à XI)
1685 Publication de onze fables et de cinq nouveaux contes.
1687 Epitre à Huet
1688 Le Milan, le Roi et le Chasseur fable dédiée au prince de Conti
1690 Publication des Compagnons d’Ulysse
1691 Publication des Les deux Chèvres et le Thésauriseur et le Singe
1692 Publication de la Ligue des Rats
1694 Publication du dernier recueil des Fables (livre XII).

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