Interview Tatiana De Rosnay Encre Russe

Interview exclusive de Tatiana de Rosnay

Tatiana de Rosnay publie le 21 mars son nouveau roman : A l’encre russe, dont le personnage principal Nicolas Duhamel, un jeune homme de 25 ans, va voir sa vie basculer le jour où il renouvelle son passeport.

Depuis 2007, où j’ai la chance de l’interviewer pour chacun de ses nouveaux romans, Tatiana est passée du statut de grande romancière à celui de star internationale. Elle s’appelait Sarah a été vendu à plus de 9 millions d’exemplaires dans le monde (dont plus de 3 millions aux Etats Unis). Le film, adapté de ce roman, avec Kristin Scott Thomas, dans le rôle principal, a lui aussi fait un triomphe. « Boomerang » (2009) et « Rose » (2011) ont également connu de nombreux succès aussi bien en France qu’à l’international. Tatiana de Rosnay est devenue l’auteur français le plus lu en Europe et aux Etats–Unis, mais cette notoriété n’a altéré ni sa générosité, ni son sourire, ni son enthousiasme.


Tatiana de Rosnay
copyright : David Ignaszewski-Koboy

Je l’ai rencontrée chez elle le 12 janvier 2013. Pendant près de deux heures elle a évoqué avec passion, sincérité, mystère et humour ce nouveau livre, mais aussi ses propres difficultés avec le pôle de la nationalité française, le souvenir de son oncle Arnaud de Rosnay, les réseaux sociaux, la vanité, son voyage à Saint-Pétersbourg sur les traces de sa famille, la façon dont les écrivains apprivoisent les événements douloureux…

Interviewer Tatiana est toujours un bonheur car sa passion est communicative. Elle a aussi ce talent de dévoiler de nombreux indices tout en préservant une part essentielle de mystère.

A la fin de l’entretien, Tatiana m’a également offert une surprise que vous pourrez découvrir à la fin de l’article.

La petite graine

Ce roman est né il y a 3 ans lors du renouvellement de mon passeport.

Je suis française, tient à préciser Tatiana, née à Neuilly sur Seine, de Joël de Rosnay, franco-Mauricien-russe, né à l’Ile Maurice, et d’une mère anglaise née à Rome. Tous deux sont français et ont un passeport français.

Pour cette démarche administrative banale je suis allée à la mairie du quatorzième arrondissement de Paris, comme je l’avais déjà fait si souvent.

Je n’avais jamais eu aucun problème pour faire renouveler mes papiers, et là, catastrophe, la femme derrière le guichet me regarde avec mépris et me répond :

-Madame, vous ne pouvez pas avoir de nouveau passeport car vos deux parents sont nés à l’étranger et selon les nouvelles lois gouvernementales vous n’êtes pas forcément française.

Stupéfaction.

– Pardon ? Je suis née en France et je n’ai jamais eu aucun problème pour faire renouveler mes papiers d’identité.

La guichetière se montre inflexible.

– Ce n’est pas assez pour faire de vous une française, vous devez aller au pôle de la nationalité française. Vous leur téléphonez, vous prenez rendez-vous et ils vont vous expliquer ce que vous devez faire pour prouver que vous êtes française. Nous ici à la mairie, nous ne pouvons pas renouveler votre passeport.

Je suis sortie de la mairie sonnée. J’ai appelé le pôle de la nationalité. Je suis tombée sur une personne aussi agréable que la précédente qui m’a répondu :

– Nous ne pouvons rien vous dire par téléphone et nous ne pouvons pas vous donner de rendez-vous avant un mois. Nous vous indiquerons avec quels papiers vous devez venir pour prouver votre nationalité.

Il s’avère que je devais partir quelques jours plus tard à New York pour le tournage de Sarah et qu’avec un tel délai, j’étais dans l’impossibilité de m’y rendre.

Je me suis rendue trois fois au pôle de la nationalité. A chaque fois je me suis heurtée à un mur d’incompréhension. On me disait :

– Il nous faut l’extrait d’acte de naissance de votre père, celui de votre mère, ceux de vos grands parents, les certificats de mariage de vos parents, de vos grands parents, votre livret de famille.

Ce fut l’horreur et j’ai d’ailleurs raconté tout cela dans un article paru dans le Journal du Dimanche sous le titre «Moi pas française »

Cette situation m’a chamboulée parce que même si je sais que je suis un « melting-pot » franco-mauricien-anglo-russe, je suis née ici et je vis ici, mon nom est français, j’ai épousé un français, mes enfants sont nés en France, je paye mes impôts ici, et la France est mon pays.

J’étais tellement perturbée par cet imbroglio administratif, qu’à un moment j’ai posé cette question à mon interlocutrice :

– Pardon, Madame, mais si je ne suis plus française, alors je suis quoi ?

Son silence était pesant. Un monsieur, derrière moi, a alors murmuré:

– Apatride !

J’étais bouleversée. J’ai dû mettre la main sur une foule de documents concernant mon père, ma grand-mère russe, née à Petrograd (ça ne s’invente pas, indique Tatiana en souriant), mon grand-père, originaire de l’Ile Maurice et mes grands-parents maternels nés en Angleterre.

Je me suis penchée sur tous ces papiers et c’était assez fascinant de voir arriver tous ces extraits d’acte de naissance. Celui de ma grand-mère paternelle est impressionnant : il est écrit en russe. La version que j’ai reçue doit d’ailleurs être une copie de copie, car elle a fui Saint-Pétersbourg au moment de la révolution russe.

Je n’avais en fait que les dates et j’ai réalisé que mes grands-parents s’étaient mariés très jeunes (ma grand-mère avait à peine 18 ans).

Je me suis dit : Je ne sais rien de cette famille Koltchine. Je ne connais rien de ma famille russe. Je sais que mon arrière grand-mère s’appelait Natalya Sergeïevna Rachevskaïa et que mon arrière grand-père s’appelait Fiodor Koltchine, mais qui étaient-ils vraiment ?

Et c’est là que tout d’un coup, j’ai une l’idée de ce livre ou plutôt d’un livre. On peut dire que la graine a été plantée au moment où j’ai lu mon certificat de nationalité française.

Je me suis dit : j’ai envie de raconter l’histoire de quelqu’un qui va faire renouveler son passeport, mais cet acte oh combien banal va bouleverser sa vie parce qu’il va découvrir quelque chose d’ inattendu. Je vais en faire un roman. C’est ce jour là que «A l’Encre russe» est né.

Automne 2010

J’ai commencé ce roman dans un train à l’automne 2010. Je venais de rendre à Héloïse (NDLR : l’éditrice de Tatiana), le manuscrit de Rose (publié au printemps 2011). Je n’avais pas d’ordinateur ce jour-là, j’ai rédigé quelques notes sur un cahier. Nicolas m’est apparu à ce moment là. J’ai voulu construire ce roman autour d’un secret de famille lié au renouvèlement de son passeport.

Dans tous mes livres, il y a des secrets de famille et dans celui-ci aussi il y a un secret qui va revenir comme un boomerang. Sans rien dévoiler de celui-ci, je peux donner quelques éléments sur Nicolas.

Je n’avais pas envie de me mettre dans la peau d’une quinquagénaire, mère de famille. J’avais envie de retrouver un personnage masculin comme je l’avais fait pour Antoine Rey (Boomerang), Bruce Boutard (le cœur d’une autre) et le héros sans nom de mon premier roman (l’appartement témoin).

Il n’y a pas tellement de fois où je suis dans la peau d’un homme.

Au début de l’histoire (qui ne correspond pas au début du livre, car le récit est construit en flashbacks), c’est un jeune homme qui donne des cours particuliers à des élèves récalcitrants. Il a raté khâgne, il vit chez Delphine, sa girl-friend, qui a dix ans de plus que lui.. Son père est mort alors qu’il avait dix ans. Sa mère, Emma, est prof de philo, c’est une grande khâgneuse, qui a la cinquantaine.

Ce jeune homme, Nicolas Duhamel, vit dans l’ombre de son père qui était un être incroyable : un businessman mystérieux, un entrepreneur (on ne sait pas très bien dans quel domaine), un personnage un peu fantasque à la Gatsby. Il s’appelait Theodore Duhamel, et a disparu en mer, quinze ans plus tôt, au large de Guéthary.

Quand Nicolas fait refaire son passeport, ce fameux jour où sa vie bascule, la femme derrière le guichet lui dit :

– Votre père est né à Saint-Pétersbourg en 1960. Votre mère est née à Bruxelles en 1959. Vous, vous êtes né en France, mais avec les nouvelles lois il va falloir prouver que vous êtes français.

Nicolas Duhamel est très perturbé par cette nouvelle. Il se dit comme moi :

– Qu’est ce que c’est que cette histoire ?

Arnaud était mon « Gatsby »

Je ne cache pas que certaines lectrices et lecteurs vont reconnaître Arnaud de Rosnay, mon oncle disparu en mer en 1984 dans le détroit de Formose entre la Chine populaire et Taiwan.

J’avais envie de parler de lui,de rendre hommage à Arnaud de Rosnay. Je garde le souvenir de son rayonnement, de sa jeunesse, de sa vitalité intense.

Il est le fil magique qui m’a permis d’avancer dans ce livre.

Je souhaitais en parler d’une façon romanesque. Tout ce qu’on lit dans ce livre sur la famille Koltchine n’a rien à voir avec Arnaud, n’a rien à voir avec ma famille, mais à chaque fois, j’ai voulu montrer comment des personnages, comme Arnaud ou ma grand-mère, qui nous ont marqués dans notre vie intime peuvent nous inspirer et comment on en fait des livres.

J’ai toujours trouvé qu’Arnaud était très « Gatsby », dans le sens où il avait ce côté fantasque, un peu fou. Il aurait été capable d’acheter un palace au bord d’un rivage pour pouvoir apercevoir la lumière verte de l’autre côté de la baie, et ainsi penser à la femme qu’il aimait et qui était mariée à quelqu’un d’autre.

Les descriptions de Fiodor Koltchine, le père de Nicolas Duhamel, c’est Arnaud. Il lui ressemble comme deux gouttes d’eau, c’est lui. J’avais envie de faire un roman autour de lui.

Ce n’est pas exactement le livre que j’avais pensé écrire sur Arnaud. J’aimerais d’ailleurs un jour écrire un livre sur lui (je ne sais pas encore comment), mais ce roman c’est ma façon de transposer ce qu’Arnaud m’a laissé en tant que nièce. Il avait trente-sept ans quand il a disparu et j’en avais vingt-deux. Je suis obnubilée par le fait qu’on n’ait jamais retrouvé son corps. C’est une des grandes obsessions de Nicolas dans le livre : Qu’est devenu mon père ? Est-il mort ? Peut-il encore revenir ?

Il m’arrive encore souvent de rêver que quelqu’un sonne à la porte, que celle-ci s’ouvre et que c’est Arnaud qui est là.

Arnaud de Rosnay disparu en mer de Chine en 1984

Le Gallo Nero

L’hôtel où est descendu Nicolas pour ces 3 jours de vacances est un sublime hôtel sur une ile toscane. De sa suite il peut admirer une mer turquoise magnifique. Il y a là un service de rêve, une gastronomie de rêve et surtout une clientèle très « jet set ».

Dans cet hôtel pour happy few, le Gallo Nero, les clients très chics viennent du monde entier. Ils arrivent à bord de leur avion ou de leur bateau privés. Nous sommes en 2011, en pleine affaire Dominique Strauss Kahn.

Nicolas est venu là pour faire « un break » et pour se reposer, mais tout en faisant croire à son entourage qu’il est là pour travailler. Il se rend compte aussi qu’il a trop tiré sur la corde, qu’il doit commencer son deuxième livre. Pour cela, il doit renoncer à Facebook et à Twitter, mais il est en incapable.

Il a également fait une énorme bêtise. Il a menti à sa jeune éditrice adorée, en lui faisant croire qu’il partait terminer son livre, alors qu’en fait, horreur, il n’a rien commencé du tout.

Un gourmand dans une pâtisserie

Je me suis beaucoup amusée à décrire les clients de cet hôtel, la vie quotidienne dans ce palace, le ballet des serveurs, l’attitude de ces riches américaines « relookées » par la chirurgie esthétique, les soirées, et évidemment le comportement des clients qui le reconnaissent.

Tous ces personnages sont vus au travers du regard de Nicolas et bien sûr aussi via mon œil de romancière.

J’ai eu la chance ces dernières années de fréquenter quelques beaux hôtels dans des cadres idylliques. Vivre dans ces endroits quand on est romancière, c’est comme lâcher un gourmand dans une pâtisserie.

Comment une graine devient-elle un livre ?

« A L’encre russe» est un roman sur la façon qu’ont les auteurs de « cadrer » et de jouer avec la vérité.

Par exemple quand un photographe fait le portrait de quelqu’un, on ne voit pas sur la photo tous les objets ou les personnes qui l’entourent. Tatiana dessine alors un rectangle en joignant ses deux pouces et ses deux index et s’amuse à jouer au photographe. Alors que le romancier, lui, peut décider de ce qu’il veut mettre ou pas dans son livre. Il a même ce pouvoir de changer les choses, d’ajouter, de retirer ou de modifier les éléments qu’il souhaite. Pourquoi choisit-on d’écrire certaines scènes et pas d’autres ? Comment un écrivain digère-t-il une information qui peut être extrêmement déstabilisante, extrêmement personnelle et en fait-il un roman ? Comment la graine est plantée, comment est-elle digérée, et comment devient-elle un livre ?

Photo de la Page Facebook de Tatiana de Rosnay
© Tatiana de Rosnay

Dagmar Hunoldt, la Madonna de l’édition

Parmi les nombreuses épreuves que va subir Nicolas, il va y avoir aussi cette surprise de voir débarquer au Gallo Nero, Dagmar Hunoldt, un personnage qui va le stupéfier : la directrice de la plus puissante maison d’édition du monde, la Madonna de l’édition.

Pour se représenter cette éditrice, il faut imaginer une femme ressemblant à Glenn Close, mais avec trente kilos de plus, un petit cigare et un Panama.

Nicolas est devenu l’objet de tous les fantasmes et de toutes les convoitises des éditeurs du monde entier. Ils ont commencé à le draguer mais il a refusé pour le moment de quitter sa jeune éditrice

Quelqu’un a pris une photo de lui en train de se prélasser sur une chaise longue au Gallo Nero et l’a postée sur Facebook. Le monde entier sait où il passe ses vacances. Et lui n’aura qu’une obsession en tête : Que fait-elle ici ? Lui a-t-on dit que je m’y trouvais ? Est-elle là pour moi ?

Prénom : Tatiana

Plusieurs scènes du roman se déroulent à Saint-Pétersbourg. Je suis allée là-bas pour marcher sur les traces de ma famille : les Koltchine, les Rachevsky. C’est la première fois que j’allais à Saint-Pétersbourg et ce fut très émouvant.


La cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé à Saint Petersbourg
Photo de Tatiana de Rosnay

Si je me prénomme Tatiana, ce n’est pas un hasard. C’est mon arrière-grand-mère qui a choisi ce prénom. Elle était venue rendre visite à ma grand-mère l’été 1961, quand ma mère était enceinte de moi. Lors de ce séjour, elle a demandé à ma mère :

– Comment souhaitez-vous appeler votre enfant ? Olivia ? Mais non, si c’est une fille il faut que ce soit Tatiana et si c’est un garçon, Alexei.

C’est ainsi que je me prénomme Tatiana et que plus tard mon frère s’est appelé Alexis

Tombe de Natalya Sergeïevna Rachevskaïa
arrière grand-mère de Tatiana de Rosnay

Finalement le renouvellement de mon passeport qui m’avait tant blessée m’a rapprochée de ma famille russe. J’apprends maintenant le russe depuis 3 mois. Je prends des cours chaque semaine au centre culturel de Russie avec Ksenia, une professeure très patiente. Je ne sais pas encore le parler, car ce n’est pas évident mais je sais le déchiffrer et le lire. C’est une langue fascinante.

Ecriture

J’avais adoré écrire Rose, mon précédent roman, à la main. L’histoire se passait au 19ème siècle et la lenteur du stylo m’avait permis de trouver le bon rythme pour écrire ce récit.

Pour « A L’encre russe», ce fut très différent, j’ai certes pris quelques notes au stylo et ai écrit quelques passages à la main, notamment quand je l’ai commencé dans un train à l’automne 2010, mais pour l’essentiel, j’ai écrit ce roman directement sur ordinateur.

Tout d’abord parce que Nicolas est un « geek » (NDLR : passionné de nouvelles technologies). Il utilise un Blackberry pour des raisons que le lecteur découvrira (en fait son iPhone lui a joué des tours). On est aussi dans la rapidité et l’immédiateté du réseau social

Ceci dit je me suis tous les jours isolée dans mon bureau, au sixième étage, où il n’y a pas Internet et où je prends bien soin de n’emmener ni mon Blackberry, ni mon iPhone..

D’ailleurs ce bureau a un rôle très important dans le livre. A un moment Nicolas pour essayer de se désintoxiquer d’Internet va louer une petite chambre de bonne, où il ne se passe rien, ou il n’y a pas Internet. Mais malheureusement pour lui il va y vivre des choses très compliquées….

Une famille romanesque

Finalement, conclut Tatiana, ce n’est pas peut-être pas un hasard si tout arrive en même temps : Le renouvellement de mon passeport, les racines russes, l’évocation d’Arnaud, le voyage à Saint-Pétersbourg et ce roman.

On me dit souvent : « votre famille est tellement romanesque ! ». Je me rends compte que ce roman est né d’une inspiration familiale, de cette piste russe qui a fait que j’ai dû prouver que j’étais bien française. De tous les romans que j’ai écrits c’est celui dans lequel il y a le plus d’inspiration familiale. Quelque part, merci à ce passeport !

 

Tatoulya, arrière grand mère de Tatiana de Rosnay (diminutif de Natalya )
et Natacha, grand-mère de Tatiana de Rosnay.
Son nom était Natalya Feodorovna Koltchina.
Elles s’appelaient toutes deux Natalya !

A la fin de l’entretien, Tatiana me montre quelques photos de son voyage à Saint-Pétersbourg : la tombe de son arrière-grand-mère, la maison où elle a vécue et où est née sa grand mère. Elle y a rencontré également les cousins et les cousines de son père. Puis elle me montre les photos des maisons d’écrivains russes qu’elle aime : celles de Dostoïevski, Pouchkine, Anna Akhmatova, Nabokov …

Il y a là le bureau ou est mort Pouchkine. Offensé par un officier français qui s’était montré trop entreprenant auprès de sa femme, il l’avait par honneur provoqué en duel. Blessé lors de ce combat inégal, Pouchkine est mort deux jours après ce duel.
Puis je découvre la maison ou est né Nabokov, sa machine a écrire, le bureau où est mort Dostoïevski, et où, depuis, il y a toujours des bougies allumées ….


Tatiana s’empare d’un trousseau de clés et me dit : « ça te dirait de visiter Manderley (un clin d’œil à Rebecca de Daphné du Maurier, son roman fétiche), le bureau où j’écris ?»
Mon sourire tient leu de réponse.
« Avec ma famille, nous avons défini une règle très simple, confie Tatiana : dans l’appartement il n’y a rien qui concerne mon travail ».
Et d’ajouter avec humour : « Quand quelqu’un vient chez nous, il ne peut pas deviner que je suis écrivain… Mais là-haut c’est autre chose ».


Nous sommes sortis de l’appartement, nous sommes dirigés vers l’escalier de service et avons emprunté un minuscule ascenseur hitchcockien. Au sixième étage, nous avons marché sur une étroite corniche à ciel ouvert : « J’espère que tu n’as pas le vertige car certains visiteurs ne parviennent pas à franchir cette épreuve ».
Puis Tatiana a ouvert la porte de son bureau : une chambre de bonne qu’elle a aménagée, et où il règne à la fois une ambiance austère, digne d’une chambre de monastère et tout l’univers virevoltant de cette romancière : Sur le mur quelques photos de moments joyeux, une bibliothèque dans laquelle on trouve tous ses romans dans toutes les langues, avec des titres au nom imprononçable et à chaque fois de superbes couvertures. Puis face à un mur, une toute petite table sur laquelle elle installe son ordinateur.
« Au début, j’avais placé la table face à la fenêtre, mais il se passe tellement de choses dans les appartements en face (situés à quelques dizaines de mètres) que ça m’empêchait de me concentrer ». Et Tatiana d’évoquer de jeunes gens se baladant en tenue très légères, des voisins aux comportements très démonstratifs, et aussi de me montrer l’appartement où réside une belle actrice de Pedro Almodovar.
En quelques photos et quelques mots, l’auteur de Boomerang a déjà réussi à transformer ce bureau en un lieu mythique.

Tatiana a refermé la porte. J’en suis sûr, elle écrira ici, pour notre plus grand bonheur, de nombreux best-sellers.

Guy Jacquemelle
Propos recueillis le 12 janvier 2013
Mis en ligne le 21 Mars 2013

Pour en savoir plus :

  • Le site officiel de Tatiana de Rosnay : http://www.tatianaderosnay.com
  • A l’encre russe de Tatiana de Rosnay : son roman le plus personnel et le plus éblouissant
  • Nicolas Duhamel, alias Nicolas Kolt, un héros ineffaçable
  • Villa Belza
  • Dagmar Hunoldt, la Madonna de l’édition
  • Angèle Rouvatier sur Facebook
  • Tatiana de Rosnay sur Facebook
  • Angèle Rouvatier la plus sexy des héroïnes de Facebook
  • Interview de Tatiana de Rosnay sur alalettre
  • Elle s’appelait Sarah de Tatiana de Rosnay
  • Moka, le huitième roman de Tatiana de Rosnay
  • Boomerang de Tatiana de Rosnay
  • Spirales de Tatiana de Rosnay
  • La Mémoire des Murs, le précédent roman de Tatiana de Rosnay (2008)
  • Le site des Editions Héloïse d’Ormesson
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