John Le Carré (1931-2020)

« J’aimerais qu’on se souvienne de moi comme d’un bon conteur qui aura vécu les passions de son temps »

 John Le Carré

John Le Carré, de son vrai nom David John Moore Cornwell, est né le 19 octobre 1931 à Poole, petite station balnéaire du sud de l’Angleterre.

Il est abandonné à 5 ans par sa mère à un père tyrannique qui se révèle être aussi un escroc . Il en fera le portrait à peine déguisé dans « Un pur espion » (1986). « Les gens qui ont eu des enfances malheureuses sont assez bons pour s’inventer eux-mêmes », aimait-il à dire.

Élevé par ses grands-parents, David se réfugie dans la lecture des romans d’aventures de John Buchan, Sapper et Dornford Yates.

Après avoir songé un temps à devenir moine – il fit un certain nombre de séjours à l’abbaye bénédictine de Cerne Abbas, dans le Dorset –, le jeune Cornwell quitta l’Angleterre à l’âge de 16 ans. Direction Berne. Il y reste de 1948 à 1949. « Je venais de fuir le système d’éducation britannique avec le sentiment d’être «incomplet ». J’avais un besoin urgent de m’inventer. Berne était pour cela un endroit très excitant. Un haut lieu du renseignement. »

A Berne, Cornwell étudie la culture allemande. C’est là qu’il est approché pour la première fois par les services secrets britanniques.

De 1959 à 1964, secrétaire d’ambassade à Bonn, puis consul à Hambourg, il assiste à la partition de l’Allemagne. Sous sa couverture de diplomate, il transmet des messages à des agents, visite discrètement des appartements, lance des opérations de désinformation contre le camp ennemi. Sa carrière d’espion est vraisemblablement ruinée le jour où le fameux agent double, Kim Philby, passé à l’Est, révèle au KGB le nom de l’agent secret Cornwell et de quelques dizaines d’autres…

De son travail d’espion, le Carré parlera très peu. En 2000, quelques jours avant Noël, il se livra cependant à quelques confidences. Il avait 69 ans. Ce soir-là, à la BBC, David Cornwell, alias John le Carré, reconnut qu’il avait été dans sa jeunesse un agent secret au service de Sa Gracieuse Majesté.

En 1961, John Le Carré se rend à Berlin aux premières heures de la construction du mur.

« J’avais vu la Friedrich Strasse hérissée de fils de fer barbelés, les chars russes et américains se faire face en se menaçant. En rentrant chez moi, je me suis mis à écrire « L’Espion qui venait du froid ». Je noircissais des carnets en allant au travail ou pendant les heures creuses à l’ambassade. Ma famille devenait folle. Tous les matins, je me levais vers 4-5 heures pour écrire. J’avais l’impression de vivre une chose qui n’arrive qu’une fois dans une vie : une combinaison unique de circonstances politiques, d’appétit féroce d’écriture, de naufrage complet de la vie privée. »

 L’Espion qui venait du froid (Gallimard), l’un des plus grands romans sur la guerre froide, paraîtra en 1963. Il le rendit célèbre dans le monde entier.Un an plus tard, John Le Carré, quitte le Foreign Office pour devenir écrivain.

Il avait publié auparavant deux romans (chez Gallimard), Chandelles noires et L’Appel du mort .

A 35 ans, ce grand admirateur de Dumas, Dickens, Tolstoï, Balzac, Conrad et Greene part s’installer dans une maison, aux confins des Cornouailles, face à l’Atlantique.

Suite à L’espion qui venait du froid, il publie Le Miroir aux espions (Robert Laffont, 1965) et Une petite ville en Allemagne (Robert Laffont, 1969). 

Puis paraissent trois chefs-d’œuvre en forme de trilogie (Robert Laffont) : La Taupe (1974), Comme un collégien (1977), Les Gens de Smiley (1980).

Ses autres grands romans

  • La Petite Fille au tambour (Robert Laffont, 1983) sur fond de conflit israélo-palestinien.
  • La Maison Russie (Robert Laffont, 1989), où il propose l’un des premiers romans, politiques, sur la perestroïka. 
  • Dans Le Voyageur secret (Robert Laffont, 1991), John le Carré se met à l’heure de la glasnost.
  • Le Directeur de nuit (Robert Laffont, 1994) dont l’action se déroule du côté de l’Amérique centrale et des Caraïbes,
  •  Notre jeu (Seuil, 1996)

Marié deux fois, John Le Carré avait quatre fils et treize petits-enfants.

Il est mort à l’âge de 89 ans, le 12 décembre 2020

Source bibliographique :  lesechos.fr & lemonde.fr

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