Jim Harrison(1937-2016)

Jim Harrison est né en 1937, dans le Michigan. À 7 ans, un premier accident le marque à vie. “Je jouais avec ma petite voisine. Soudain, elle s’est énervée. On s’amusait derrière l’hôpital. Elle a ramassé un bout de verre et me l’a planté dans l’œil. Et voilà.” Traumatisé par l’hôpital, il ressent le besoin de se retirer régulièrement en pleine nature. Il mettra plusieurs années à parler de cet accident.

Il a 16 ans quand il déclare souhaiter devenir écrivain “de part mes convictions romantiques et le profond ennui ressenti face au mode de vie bourgeois et middle class”. Il décide de quitter son Michigan natal pour aller à New York, y suivre des études de lettres. En 1960, il épouse sa femme Linda King. Il a 23 ans. Ils auront deux filles, Jamie et Anna. Engagé comme assistant en littérature à l’Université de l’Etat de New York à Sony Brook, il renonce rapidement à ce poste pour se dédier à l’écriture. Enchaînant les petits boulots, dans la construction et le bâtiment, pour subvenir aux besoins de sa famille, Jim Harrison collabore à cette période avec des journaux et magazines. 

Un jour, en 1962, alors qu’il n’a que 24 ans, son père et sa sœur Judith partent chasser… “Un chauffard ivre roulait à 150 km/h du mauvais côté de la route. Il les a percutés et ils sont morts sur le coup. Ça a été affreux.” Petit à petit, il commence à écrire des poèmes. En 1970, en pleine chasse, il tombe d’une falaise et se retrouve bloqué dans un lit d’hôpital. Il délaisse la poésie pour se tourner vers l’écriture littéraire. C’est là qu’il écrit Wolf : Mémoires fictifs, son premier roman. “Ça parlait d’un jeune homme qui vagabondait dans la Péninsule Nord, à la recherche d’un loup, symbole ultime de la liberté. J’ai fini par en voir plusieurs.”

La gloire n’est pas immédiate. Pour sa femme, ses deux filles et lui, ce sont les “années macaronis”. “On mangeait des pâtes tous les jours… Je gagnais 12 000 $ par an dans le journalisme, mais j’avais une femme et deux fillettes à charge. Ce n’était pas assez.” L’acteur Jack Nicholson lui prête 25 000 $ pour terminer Légendes d’Automne, qui paraît en 1979 et sera adapté au cinéma en 1994. Après ce succès, il enchaîne les romans, les scénarios et les poèmes.

À travers ses histoires et ses prises de parole, il met en avant l’harmonie de la nature sauvage, des profils marginaux, la précarité ou encore la cruauté de la conquête de l’Ouest. “On a exterminé les Indiens et pris leurs terres. Comment corriger le passé me direz-vous ? Tu ne peux pas mais tu peux essayer d’ajuster ton comportement dans le présent pour éviter de reproduire les erreurs du passé. Et ça, on ne l’a jamais fait” a déclaré l’écrivain américain. Il parle également des marginaux dans ses écrits. “Il faut donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Je crois que c’est le devoir de l’écrivain.” 

En 1990, il s’engage sur un autre thème à travers La Femme aux lucioles, qui sera repris dans une anthologie féministe. ”Ce n’est pas si difficile, on est tous composé comme des femmes génétiquement. Pour moi, c’était simple. Ma mère avait six sœurs, j’en avais deux, j’ai grandi entouré de femmes, je n’ai eu aucun mal à trouver cette voix en moi.” En 1992, Jim Harrison écrit le scénario du film ‘Wolf’, réalisé par Mike Nichols en 1994. Dans ce film, Jack Nicholson donne la réplique à Michelle Pfieffer. 

Il passe beaucoup de temps au contact de la nature, notamment dans sa maison du Montana. “Depuis que je suis tout petit, ce que je préfère dans la vie, ce sont les arbres et les rivières.

Le 26 mars 2016, à 78 ans il meurt d’une crise cardiaque, alors qu’il écrit un poème. Membre de l’Académie américaine des arts et des lettres, Jim Harrison a reçu la bourse Guggenheim. Inspiré de Jack Kerouac et de John Steinbeck, il est considéré comme l’un des plus grands écrivains des Etats-Unis. 

Source bibliographique: Brut

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