Après Le Manuscrit de Portosera la rouge, le deuxième roman de Jean-François Dauven explore avec un bonheur renouvelé les arcanes de Portosera, sa ville imaginaire.

Le Soliste est le deuxième volume, autonome, de la trilogie urbaine inaugurée par Le Manuscrit de Portosera la rouge, dont Portosera, ville méditerranéenne fictive, était le personnage principal. Cette fois, l'action se déroule dans un espace correspondant à un détail agrandi de la fresque : l'immeuble du 24, rue de la Capitainerie. Ce paquebot citadin qui se dresse au cour d'un quartier populaire présente la particularité d'être scindé en deux. Tandis que les étages inférieurs sont desservis par une belle entrée, l'accès aux combles se fait par un escalier de service à l'arrière du bâtiment. Les communications entre les différents niveaux ont été murées. Deux communautés cohabitent donc sous le même toit sans jamais se croiser. Étudiants, ouvriers immigrés ou jeunes couples sans le sou d'un côté, familles plus aisées de l'autre. Nida Xeyeng quitte à cinq heures sa chambre de bonne pour aller faire le ménage dans des bureaux. Elle croise alors la haute silhouette coiffée d'un turban d'Indira Nashrû, qui vient de tirer le rideau de fer de son épicerie de nuit. Un étage en-dessous s'aiment Caroline et Jean, jeune chanteur baroque en mal de scènes et de contrats. Lorsque la célèbre cantatrice Cécilia Bartolo vient se produire à l'opéra de Portosera, le jeune homme joue le tout pour le tout et, s'inspirant des apprentis toreros, il saute sur la scène pour se lancer dans un duo improvisé avec la diva Au troisième étage, se trouve l'appartement d'un homme étrange, un homme solitaire. La nuit, il se nourrit des rumeurs de la ville. Employé à la section « Classement et sauvegarde » du patrimoine de l'État, il fournit à Mario Gafarelli, un voisin qui souhaite faire des transformations dans son appartement, les plans de l'immeuble. Mario découvre alors la scission dont le bâtiment a fait l'objet et en avertit les copropriétaires, qui décident collectivement de rétablir les communications entre les différents niveaux On retrouve dans Le Soliste certains personnages de Portosera la rouge, qui, mêlés à d'autres, évoluent dans un cadre plus intimiste. Figurants ou acteurs de premier plan, ils sont des dizaines dont les destins sont entrecroisés par le romancier avec une rare virtuosité et selon une structure implacable. Jean-François Dauven est l'un des représentants les plus talentueux d'une veine romanesque émergente : la géographie fictionnelle. Comme d'autres jeunes auteurs (Christophe Rioux chez Flammarion ou Stéphane Carrière chez Albin Michel), il s'inscrit en réaction contre l'autofiction et livre des romans-mondes d'une ampleur délibérée.

Jean-François Dauven

Jean-François Dauven, né en 1979, a déjà eu plusieurs vies. Plombier, étudiant en philosophie, il travaille aujourd'hui dans l'édition et son premier roman Le Manuscrit de Portosera la rouge a été salué par la critique. Il fait partie des six jeunes romanciers sélectionnés pour le Prix du jeune auteur de la fondation Hachette 2006 et est également en course pour Le Prix du style 2006.

 

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