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Principales oeuvres de Beaumarchais

1753 : Mémoire à l’Académie des sciences, grâce auquel il prouve qu’il est l’inventeur d’un ingénieux mécanisme de montre, dont Lepaute, horloger du roi, a tenté de s’attribuer la paternité.

1757-1763 : œuvres de théâtre inspirées de la commedia dell’arte, destinées à être jouées dans des salons privés : Colin et Colette ; Les Bottes de sept lieues ; Léandre marchand d’agnus, médecin et bouquetière ; Jean-Bête à la foire, Zizabelle mannequin.

1765 : Le Sacristain, " intermède imité de l’espagnol ", ébauche de ce qui deviendra Le Barbier de Séville.

1767 : Eugénie, drame, demi-succès; Essai sur le genre dramatique sérieux.

1770 : Les Deux Amis, drame, échec.

1773-1774 : Mémoires contre Goëzman : Beaumarchais était l’ami du financier Pâris-Duverney, et son associé dans certaines affaires. Pâris-Duverney meurt et son légataire, le comte de La Blache conteste un arrêté de comptes signé entre Beaumarchais et le financier et intente un procès à ce dernier. Beaumarchais perd, fait appel, et se fait un nouvel ennemi, le conseiller Goëzman, rapporteur du procès La Blache, qui accuse même Beaumarchais d’avoir tué ses deux premières épouses. Les quatre mémoires visent à exposer son cas, dénoncer les malversations et la corruption des juges, et surtout à s’attirer les bonnes grâces de l’opinion publique. Beaumarchais obtient définitivement gain de cause en 1778, il est entièrement réhabilité.

1775 : Le Barbier de Séville, achevé en 1773, est porté à la scène, mais allongé d’un cinquième acte et alourdi par de nombreuses allusions à l’affaire Goëzman. Il connaît l’échec le 23 février 1775. Beaumarchais remanie la pièce, qui triomphe le 26 février. Avec finesse et humour, l’auteur, dans la préface du Barbier intitulée " Lettre modérée sur la chute et la critique du Barbier de Séville ", revient sur ces modifications et expose  l’intrigue de la pièce : " Un vieillard amoureux prétend épouser demain sa pupille ; un jeune amant plus adroit le prévient, et ce jour même en fait sa femme, à la barbe et dans la maison du tuteur. ". L’intrigue est simple, et la réussite de la pièce tient en grande partie au personnage de Figaro, barbier à Séville, qui, reprenant du service auprès du comte Almaviva va l’aider à enlever la belle Rosine à son tuteur, Bartholo. Beaumarchais dans la préface du Mariage de Figaro écrit : " Me livrant à mon gai caractère, j’ai […] tenté, dans Le Barbier de Séville, de ramener au théâtre l’ancienne et franche gaieté, en l’alliant avec le ton léger de notre plaisanterie actuelle ; mais comme cela même était une espèce de nouveauté, la pièce fut vivement poursuivie. Il semblait que j’eusse ébranlé l’État ; l’excès de précautions qu’on prit et des cris qu’on fit contre moi décelait surtout la frayeur que certains vicieux de ce temps avaient de s’y voir démasqués. La pièce fut censurée quatre fois, cartonnée trois fois sur l’affiche à l’instant d’être jouée, dénoncée même au Parlement d’alors ; et moi, frappé de ce tumulte, je persistais à demander que le public restât le juge de ce que j’avais destiné à l’amusement du public.

Je l’obtins au bout de trois ans. Après les clameurs, les éloges ; et chacun me disait tout bas : " Faites-nous donc des pièces de ce genre, puisqu’il n’y a plus que vous qui osiez rire en face. "

Un auteur désolé par la cabale et les criards, mais qui voit sa pièce marcher, reprend courage, et c’est ce que j’ai fait. […] je composai cette Folle Journée [sous-titre du Mariage de Figaro], qui cause aujourd’hui la rumeur. […] "

1781 : La comédie Le Mariage de Figaro ou La Folle Journée est achevée, mais n’est autorisée définitivement qu’en 1784. Entre temps, Beaumarchais multiplie les lectures privées afin de disposer favorablement les censeurs à son égard.

1784 : triomphe du Mariage de Figaro. On retrouve dans cette comédie les personnages principaux du Barbier de Séville : Figaro doit épouser Suzanne, qui est au service de la comtesse Almaviva, la Rosine épousée par le comte Almaviva à la fin du Barbier. Mais ce dernier, " las de courtiser les beautés des environs, […] veut rentrer au château, mais non pas chez sa femme "… Il a des vues sur la fiancée de Figaro. Ce dernier va devoir se démener pour faire échouer les projets du comte, et échapper aux assiduités de Marceline, qui veut le contraindre au mariage, avec l’aide de Bartholo, qui n’a pas oublié que Figaro lui a soufflé Rosine pour la donner au comte. Il faudra bien cinq actes à cette comédie pour que " tout fini[sse] par des chansons " - ce sont les derniers mots du Mariage-, que le comte retombe amoureux de la comtesse, que Figaro épouse Suzanne, et que Marceline et Bartholo découvrent qu’ils sont en fait les parents de Figaro !

1787 : Tarare, opéra " oriental " en cinq actes, musique de Salieri.

1788 : Mémoires contre Bergasse : cette fois, Beaumarchais, à la demande d’un ami, a pris la défense d’une femme, Mme Kornman, persécutée par son mari, un banquier. L’affaire s’envenime et l’avocat du banquier, un certain Bergasse, va multiplier les attaques contre Beaumarchais. En 1789, Kornman et Bergasse sont condamnés pour calomnie, mais la réputation et l’enthousiasme de Beaumarchais ne sont pas indemnes, il est désormais suspect aux yeux de l’opinion, sa fortune et son entregent faisant des jaloux.

1792 : L’Autre Tartuffe ou la Mère coupable, drame ; demi-échec. Reprise triomphale en 1797. Beaumarchais renoue avec un genre qu’il apprécie, le drame. Dans la dernière pièce de la trilogie, le couple Almaviva se trouve menacé par un nouveau Tartuffe, M. Bégearss ( on reconnaît sans difficulté sous l’anagramme le dernier ennemi de Beaumarchais, l’avocat Nicolas Bergasse ). Ce dernier, selon Figaro, entend " séparer le mari de la femme, épouser la pupille et envahir les biens d’une maison qui se délabre. " La pièce s’achève sur l’échec des noirs desseins de Bégearss et le triomphe de la morale, puisque Figaro déclare : " chacun a bien fait son devoir […] On gagne assez dans les familles quand on expulse un méchant. " Cette pièce n’a évidemment pas le charme léger et gai des deux comédies précédentes, mais Beaumarchais considère qu’elle est bien la suite des deux comédies, comme il l’écrit dans la préface de La Mère coupable : " J’ai donc pensé […] que nous pouvions dire au public : " Après avoir bien ri, le premier jour, au Barbier de Séville, de la turbulente jeunesse du comte Almaviva, laquelle est à peu près celle de tous les hommes ;

" Après avoir, le second jour, gaiement considéré, dans La Folle Journée, les fautes de son âge viril, et qui sont trop souvent les nôtres ;

" Par le tableau de sa vieillesse, et voyant La Mère coupable, venez vous convaincre avec nous que tout homme qui n’est pas né un épouvantable méchant finit toujours par être bon, quand l’âge des passions s’éloigne, et surtout quand il a goûté le bonheur si doux d’être père ! C’est le but moral de la pièce." "

1793 : Les Six époques, mémoire sur l’affaire des fusils de Hollande : Beaumarchais a projeté d’acheter des fusils en Hollande, pour la France. Mais il se trouve pris dans un véritable imbroglio politique et financier, et tantôt soutenu par le pouvoir, tantôt persécuté par lui, il devient indésirable pour tous. Dans ce mémoire, encore une fois, il s’explique et se défend.

Clémence Camon

Bibliographie, pour aller à l’essentiel:

  • article " Beaumarchais " de Jean-Pierre de Beaumarchais, Dictionnaire des littératures de langue française, sous la direction de J.-P. de Beaumarchais, Daniel Couty, Alain Rey, Bordas, 1987.
  • Beaumarchais, Le Voltigeur des Lumières, Jean-Pierre de Beaumarchais, Découvertes Gallimard, 1996.
  • Beaumarchais ou la bizarre destinée, René Pomeau, PUF, 1987 .
  • Beaumarchais, Œuvres, édition établie par Pierre Larthomas, bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1988.
  • article " Beaumarchais " du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, Larousse, 1867, tome 2.