«Célestine du Bac» de Tatiana de Rosnay

En 1992, 14 ans avant l’inoubliable succès de « Elle s’appelait Sarah» (2006), Tatiana de Rosnay publie son premier roman : « L’Appartement témoin ».

A cette même époque (1990-1993), elle écrit un autre roman « Célestine du Bac », que son éditeur d’alors refuse le jugeant « inclassable ».

Ce manuscrit va dormir 26 ans dans « une épaisse chemise cartonnée, bleu marine» et se retrouver dans une cave, en compagnie d’un journal intime, de poèmes, de romans, de lettres…

 

C’est à l’occasion d’un déménagement, en 2018, que Tatiana de Rosnay redécouvre ce manuscrit qu’elle avait complétement oublié, qu’elle le relit avec émotion, et le propose à ses éditeurs qui «tombent amoureux du livre ».

« Célestine du Bac » raconte la bouleversante amitié de Martin et Célestine. Martin, dix-huit ans, est assez solitaire, passant la plus grande partie de son temps entre Germinal, son Beagle, et Oscar Duval, son ami d’enfance. Il habite rue de Babylone, dans le 7ème arrondissement, avec son père, brillant avocat, mais avec qui les rapports sont très distants. Père et fils pensent souvent, sans parvenir à en discuter tous les deux, à la mort de Kerstin, la mère suédoise de Martin, lors d’un accident d’avion, survenue seize ans auparavant.

Martin aime se promener avec son chien Germinal. Un jour, une pluie soudaine, l’incite à se mettre à l’abri sous une porte cochère à demi ouverte, rue du bac . C’est là, pour la première fois, qu’il va croiser Célestine, une SDF assez âgée, cabossée par la vie et l’alcool, qui a élu domicile sous ce porche.

Les premiers échanges sont rudes. Célestine se montre agressive. Mais jour après jour, de l’affection va naître entre ces deux grands solitaires. Ils vont s’apprivoiser, et se découvrir, sur certains sujets, une grande complicité, notamment sur la littérature. Célestine en effet griffonne sur un petit carnet, tandis que Martin, inconditionnel d’Émile Zola, s’est lancé dans l’écriture de son premier roman.

Le jeune lycéen rêve de découvrir les secrets que Célestine a confiés à son journal. Cette dernière aimerait elle aussi être la première à lire le roman de Martin. Elle pourrait peut-être même exaucer certains de ses vœux ?

J’ai été très ému de plonger dans ce roman de jeunesse de Tatiana de Rosnay. Elle y fait preuve de spontanéité, de sincérité, et d’une grande fraicheur.

« Célestine du Bac » est beau comme un conte. Ce roman qui nous émeut, mais qui nous fait sourire aussi, évoque nos différences, l’importance de s’écouter, et de se respecter. Il nous invite aussi à ne pas détourner les yeux, et à tendre la main à ceux qui sont devenus invisibles. Il donne la parole « aux sans-voix » qui, un jour, ont tout perdu, et nous montre comment une rencontre peut changer nos vies.

Une jolie photo noir et blanc illustre la couverture du roman. On y voit un jeune homme assis sur le bord d’une fenêtre. Il est seul, contemple les toits de Paris et songe sans doute à Célestine. Au loin, on aperçoit la Tour Eiffel.

 

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