Mal de Pierres de Miléna Agus

 

Le résumé

Entourée de jeunes hommes qui pourraient demander sa main, l’héroïne tarde pourtant à trouver un mari car elle rêve de l’amour idéal. À trente ans, elle est déjà considérée une vieille fille par les siens, dans une Sardaigne qui connaît les affres de la Seconde Guerre mondiale… Et lorsqu’elle conclut une union très attendue, c’est en affirmant haut et fort que ce n’est pas par amour mais par raison. Comme son unique enfant, l’amour se fera attendre. Elle finira par le rencontrer sur le Continent, lors d’une cure thermale destinée à guérir son « mal de pierres », des calculs rénaux, mais qui aura raison aussi de son « mal d’amour ». À sa petite-fille, elle racontera quelques décennies plus tard ses émotions, ses cheminements, tout en laissant des zones d’ombres. La vérité ne se recomposera que longtemps plus tard, de façon inattendue, lorsque la dernière pièce du puzzle se retrouvera entre les mains de la narratrice. Mais quelle est au juste la vérité ?

 

Le Diable s'habille en Prada de Lauren Weisberger

 

Biographie de l’auteur

Milena Agus, cette inconnue sarde qui n’avait pas rencontré de succès en Italie, enthousiasme la presse, les libraires et le public français avec Mal de pierres en 2007. Ce succès se propage en Italie et lui confère la notoriété dans les treize pays où elle est aujourd’hui traduite. Lauréate du prix Elsa Morante, du prix Forte Village en Italie et du prix Relay en France, Milena Agus poursuit sa route d’écrivain avec Battement d’ailes, paru début 2008. Les droits de Mal de pierres ont été achetés pour le cinéma par Nicole Garcia.

 

 

Revue de presse

 

On lit. Et l’on est pris (épris ?) d’une fièvre maléfique, mélange de plaisir et de spasmes. Abasourdi. Ravi d’être piégé par tant de finesse, de prise de risques, de liberté. Milena Agus, que l’on imagine écrivant sagement dans un coin de sa Sardaigne, fait de l’entourloupe du grand art – de la littérature. Ses menteries et ses boniments crachent, avec violence et mélancolie, une histoire d’amour, de sexe et de folie, tous unis. La narration, elle, style et construction, est simplement hypnotique… Agus passe à la moulinette l’amour, le sexe, la tendresse, le rêve et n’oublie pas bien sûr la littérature, cet art du mensonge, ou de la vérité. Allez savoir.

Martine Laval – Télérama du 3 janvier 2007

 

Les romans d’amour ne sont jamais aussi prenants que lorsqu’ils nous parlent du malheur d’aimer, ou, variante, de comment une vie aimante ne peut être admise qu’au prix de sa dénégation la plus obstinée. Parce que l’amour, justement, est si important (sûrement la chose la plus belle du monde) qu’il ne pourra jamais être celui que l’on vit soi-même. Ce sont les délices et les tourments d’un tel amour que nous donne à goûter Mal de pierres, un petit bijou de roman, poli comme une pierre précieuse et délicieux, pour ne pas dire entêtant, comme certains gâteaux sardes, tout miel et tout anis.

Jean-Baptiste Marongiu – Libération du 4 janvier 2007

Ce livre est un bijou. On voudrait en rester là, de crainte de trahir sa construction insolite, de déflorer sa sensibilité… Mal de pierres est le deuxième roman de Milena Agus, originaire de Sardaigne, où elle vit toujours, mais le premier à être traduit en français. Cela n’en reste pas moins une révélation.

Delphine Peras – L’Express du 4 janvier 2007

 

Mal de pierres montre aussi qu’un «fou», en mettant du jeu dans le tissu social, en assure la stabilité : «Dans chaque famille, il y a toujours quelqu’un qui paie son tribut pour que l’équilibre entre ordre et désordre soit respecté et que le monde ne s’arrête pas.» Sans parler de l’étrangeté des gens normaux, ici incarnée par de beaux personnages secondaires, notamment le grand-père, qui jusqu’au bout garde son mystère, en particulier celui de la sollicitude infinie dont il fait preuve à l’égard de sa femme : une autre manière d’amour «fou». L’idée maîtresse du livre, dont les dernières lignes donnent la clé, est que la folie est mortifère tant qu’elle est considérée comme un handicap, contenue ou forcée à se conformer ; elle devient féconde, réellement féconde, quand l’imaginaire envahissant d’une personne trouve un sujet de dilection autour duquel se cristalliser, et un art pour s’exprimer. C’est en écrivant un roman que grand-mère est rendue à la vie…

Astrid de Larminat – Le Figaro du 11 janvier 2007

 

Ce bref roman, son deuxième en Italie, a quelque chose de la pierre, en effet : compact, lisse en apparence et cependant plein d’anfractuosités, de retenue, de secrets. A cause de la folie qui l’infuse et l’emporte dès le commencement, sans que le lecteur n’en sache rien. A cause, aussi, d’un style sobre et poétique, concentré, sans ornement, semblable aux murs de granit des maisons sardes. A cause enfin d’une narration en spirale, qui ne dévoile que progressivement et presque fortuitement le motif central du roman. Comme si le récit rechignait d’abord à dire la vérité sur la femme dont il est question, cette jeune Sarde aux cheveux sombres, semblables à un « nuage noir et luisant » quand elle ôte ses épingles… Où est la folie ? Où est le mensonge, dans cette société sarde pleine de replis bien cachés ? Certainement pas sur la lune.

Raphaëlle Rérolle – Le Monde du 12 janvier 2007

 

Quel est ce «mal de pierres» dont souffre l’héroïne de ce livre venu de Sardaigne et qu’on brûle, dès les premières pages, de faire connaître ? Ces coliques néphrétiques ne cachent-elles pas un mal plus obscur qui expliquerait mieux pourquoi les prétendants de cette belle célibataire, âgée pour l’époque (la trentaine), finissent tous par la fuir, au grand dam de sa famille ?.. Le récit de l’héritière-confidente distille peu à peu, comme un suc, les éléments qui composent le destin d’une femme désirante où folie et écriture se rejoignent en une seule et dernière page…

Valérie Marin La Meslée – Le Point du 25 janvier 2007

 

L’autre héroïne de ce livre est la Sardaigne : un pays sec, rugueux qui rend les femmes un peu cinglées et les hommes en décalage avec le reste du monde. Milena Agus est de cette île qui tourne les sens. Elle y vit, y enseigne et écrit. Son roman débute comme une biographie familiale, se poursuit en aventure fusionnelle, fait un tour par l’Histoire, porte un regard sur la société italienne et ses injustices de classe, n’oublie jamais de glisser une pointe d’humour. Le bilan est déjà assez brillant, mais l’auteur ne s’arrête pas là : la romancière aime les mensonges de la fiction et nous offre un retournement de dernière minute. En fait, les Sardes doivent être comme ça : séduisants et imprévisibles, libres de tout réinventer et avec un sacré talent.

Christine Ferniot – Lire, février 2007

 

C’est elle qui écrit «Mal de pierres», l’histoire de sa grand-mère, aujourd’hui disparue, dont on ne saura pas le prénom. Avec minutie, elle reconstitue le destin de cette femme sinon dérangée, du moins décalée, que le manque d’amour mettait au supplice, chez qui la musique provoquait d’insupportables émotions et pour qui l’écriture était un exutoire… La vie magmatique et l’île volcanique de cette Bovary sarde étaient trop étroites pour contenir ses rêves. Fabuler était sa seule manière de survivre. Ce récit sans doute autobiographique, d’une sensibilité à fleur de page, devient ainsi un très bel éloge de l’imagination qui a raison de la réalité, un fervent art du roman. Lisez-le, faites passer, c’est du vif-argent.

Jérôme Garcin – Le Nouvel Observateur du 8 février 2007