On ne voyait que le bonheur de Grégoire Delacourt

Après « l’écrivain de la famille », » la liste de mes envies » et « La première chose qu’on regarde », voici donc « On ne voyait que le bonheur » le quatrième roman de Grégoire Delacourt.

Antoine, quadragénaire, expert dans une compagnie d’assurance, passe son temps à estimer et chiffrer la vie des autres au travers de leurs malheurs. « Une vie, et j’étais bien placé pour le savoir, vaut entre trente et quarante mille euros … Entre trente et quarante mille euros si vous vous faites écraser. Vingt, vingt-cinq mille, si vous êtes un enfant. Un peu plus de cent mille si vous êtes dans un avion qui vous écrabouille avec deux cent vingt-sept autres vies. Combien valurent les nôtres ? »

 

Gregoire Delacourt

Tout commence lorsque les parents d’Antoine se rencontrent : ils sont beaux mais leur union n’est qu’un malentendu. Le père travaille dans une droguerie. On vient le voir de loin lui demander des conseils. Avec son éternelle cigarette et son allure extravagante, la mère, elle, ressemble à Françoise Sagan. Ils ont tout pour être heureux mais pourquoi ne le sont-ils pas ? Bientôt, la famille s’agrandit avec l’arrivée des jumelles : Anne et Anna. Antoine ne trouve plus sa place dans cette famille qui n’a pas su le rassurer et lui apprendre à grandir. Et puis, un matin, la famille explose. La mère s’en va, ils ne la reverront plus.

Antoine s’est juré de ne jamais reproduire ce schéma-là : il se promet de trouver l’amour et de le garder, de faire preuve de courage et de devenir un vrai père, un de ceux qui savent répondre aux questions difficiles de leurs enfants.

Devenu adulte, d’indicibles moments de douceur traversent sa vie : la rencontre avec Nathalie qu’il épousera, la naissance de leurs deux enfants Joséphine et Léon.

Mais le bonheur est éphémère. Une nuit, il décide de mettre fin à la malédiction qui ronge sa famille et d’éradiquer la lâcheté, de faire en sorte que le chagrin s’arrête avec lui. Il commet l’impardonnable….

Dans « On ne voyait que le bonheur » il est question de libre arbitre, de seconde chance, de réconciliation. Peut-on aimer, quand on a grandi sans amour ? Comment affronter l’intolérable ? Comment se reconstruire après les drames de l’existence ?

Le récit de Grégoire Delacourt est poignant et juste. D’une plume élégante, il nous offre un roman plein d’espoir pour survivre à l’irréparable.

Guy Jacquemelle

Citations

« Pourquoi est-ce lorsqu’on les perd qu’on croise enfin ceux qui nous ont manqué ? »

«Quand tu es petit les étoiles sont plus éloignées et les rêves plus grands. Tu dois sauter pour attraper une pomme à un arbre, arracher quelques cerises. Tu as mille victoires ».